e Premier ministre japonais Naoto Kan a nettement battu son rival Ichiro Ozawa lors de l’élection à la présidence de leur parti, ce qui lui permet de rester chef du gouvernement de centre-gauche pour « revitaliser le Japon », politiquement déstabilisé.

M. Kan a obtenu 721 points contre 491 accordés à M. Ozawa, lors d’un suffrage au mode de calcul complexe ouvert aux 411 parlementaires, 2.400 élus locaux et quelque 340.000 adhérents du Parti Démocrate du Japon (PDJ, centre-gauche). Le poids du vote des députés et sénateurs était prépondérant.
« Je remercie les militants, les élus locaux et les parlementaires et, par dessus tout, le peuple qui m’a soutenu », a déclaré M. Kan en s’inclinant devant les membres de son parti, réunis dans un hôtel de Tokyo.

M. Kan était préféré à M. Ozawa par deux-tiers des Japonais, selon les sondages. Même si le public ne participait pas à cette élection interne, la notoriété du Premier ministre a joué en sa faveur.

« Le Japon est au milieu du gué. Je réitère ma détermination à tout faire pour léguer un Japon revitalisé à la génération suivante », a-t-il ajouté.

M. Kan, 63 ans, n’est aux commandes de l’archipel que depuis juin, après avoir succédé à l’impopulaire Yukio Hatoyama, démissionnaire après moins de neuf mois de pouvoir à cause de son indécision et d’une affaire de financement.
Le Premier ministre va conserver son poste grâce à cette victoire interne, son parti étant majoritaire à la chambre des députés depuis son triomphe aux élections législatives d’août 2009. Le PDJ avait alors mis fin à plus d’un demi-siècle de domination du Parti Libéral-Démocrate (PLD, droite) sur la vie politique japonaise.

Issu de la classe moyenne contrairement à nombre de ses fortunés prédécesseurs, M. Kan a fait de l’emploi sa priorité, alors que le chômage dépasse 5%, une proportion élevée pour l’archipel. Il souhaite aussi mener une vaste réforme fiscale pour assurer la pérennité du système de protection sociale.

Ayant été ministre des Finances dans le précédent gouvernement, il prône aussi la discipline budgétaire dans un Japon endetté.

Son adversaire malheureux au scrutin de mardi, Ichiro Ozawa, 68 ans, se présentait comme le candidat de la fidélité aux engagements du PDJ avant l’alternance.

Il appelait à mettre au pas la bureaucratie, accusée d’avoir confisqué le pouvoir aux élus, et voulait dégager des économies dans l’administration pour financer les généreuses promesses sociales du PDJ.

M. Ozawa voulait relever les allocations familiales et refusait toute hausse d’impôt, alors que M. Kan n’a pas écarté l’hypothèse d’une augmentation de la taxe sur la consommation, sans nuire aux classes défavorisées.

Bien que défait, le stratège Ozawa a prouvé qu’il conservait une influence notable au sein de sa formation, ayant recueilli près de la moitié des suffrages parmi les parlementaires.

M. Kan souhaite cependant que cette élection ne laisse pas de séquelles au sein de la formation. « Je vais chercher la coopération de tous les membres du PDJ, afin qu’ils puissent tous utiliser leur énergie et travailler dur, dans un parti uni », a-t-il souligné.

Vieux routier de la politique nippone, M. Ozawa a lancé puis torpillé plusieurs formations politiques dans les années 90 avant de rallier le PDJ, un passé qui inquiète les proches de M. Kan.

« Si M. Kan garde des parlementaires anti-Ozawa à des postes importants, M. Ozawa pourrait quitter le parti avec ses soutiens », a prévenu Shujiro Kato, politologue à l’Université Toyo.

Un remaniement gouvernemental est prévu dès cette semaine, selon les médias.

Source:[ AFP->

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