{{Le système des retraites est un assemblage complexe de mécanismes plus ou moins complémentaires}}
Il est bientôt minuit, la chaîne Télé Tokyo évoque le débat sur les retraites en France. Un passant répond au micro-trottoir : « J’aimerais bien que l’âge légal de départ à la retraite augmente au Japon. De mon point de vue, les Français ont de la chance ! »
Cette boutade a sa raison d’être : alors que l’âge de la retraite doit être porté à 65 ans en 2013, le niveau des pensions est très faible au Japon, ce qui contraint beaucoup de retraités à continuer à travailler, mais pour une paie de 30 %, en moyenne, moins élevée que le dernier salaire, même s’ils continuent dans la même entreprise.
Le système des retraites japonais est un assemblage complexe de mécanismes plus ou moins complémentaires. La retraite de base assurée par l’État s’élève à 792 000 yens par an (7 000 €). Les entreprises aussi contribuent, avec une retraite à l’ancienneté et une prime versée en fin de carrière, reliquats d’une époque où l’emploi à vie faisait loi et où les sociétés se battaient pour attirer les meilleurs diplômés.
{{{Une population viellissante}}}
Certaines entreprises proposaient également des solutions évolutives par lesquelles les employés plaçaient sur le marché des fonds versés par leur employeur, à leurs risques et périls. D’ici à 2012, les sociétés doivent mettre en place des formules qui protégeront davantage les salariés.
Les mesures prises suffiront-elles ? En 2055, seulement 8 % de la population japonaise aura moins de 15 ans, soit 2 à 4,5 fois moins que les plus de 65 ans. Le pays comptera 600 000 à 700 000 centenaires (soit 0,6 % de la population).
« Les seniors japonais bénéficient de services d’un montant supérieur à celui de leur contribution au fil de la vie de travail, remarque Atsushi Nakajima, chef économiste de l’institut de recherche de la banque Mizuho.
{{{Une dette qui ne pourrait être compensée par l’épargne}}}
Le risque est que d’ici à quinze ans, l’épargne japonaise pourrait ne plus pouvoir contenir la croissance de la dette de l’État. » L’ogre qu’est la dette japonaise (200 % du PIB) pourrait menacer les acquis sociaux, même maigres, dont bénéficient les Japonais.
Au niveau des entreprises aussi cette remise en cause peut avoir lieu. Début 2010, la compagnie aérienne Japan Airlines a convaincu ses salariés – en activité ou déjà retraités – de renoncer à une partie de leurs avantages de retraite pour éviter que l’entreprise ne s’écroule.
Gilles DE LESDAIN, à TOKYO
Source: [LaCroix.fr->http://www.la-croix.com/Au-Japon-demographie-et-dette-publique-pesent-sur-les-retrai/article/2440154/55350]