L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a publié cette semaine son premier rapport relatif à la prévention des suicides. L’occasion de revenir sur la situation au Japon et sur les moyens qui y sont mis en œuvre pour lutter contre ce fléau.
Dans son rapport, l’OMS estime que 804 000 personnes se sont données la mort en 2012, soit une toutes les 40 secondes. Au Japon, contrairement à ce que beaucoup pensent en Occident, le taux de suicide est en forte diminution depuis quelques années. Cette croyance est peut-être entretenue par le vocabulaire (« hara-kiri »), l’image des kamikazes ou, plus récemment, par certains médias ou encore le film Suicide Club (réalisé par Sion Ono) dans lequel une cinquantaine de lycéennes se jettent sous une rame de métro.
Le nombre de suicide a en tout cas baissé de 9% en 2012 par rapport à 2011, en passant sous la barre des 30 000 cas pour la première fois depuis une quinzaine d’années. La Corée du Sud, par exemple, connaît un des taux les plus élevés du monde avec 28,9 suicides pour 100 000 habitants en 2012, contre 18,5 au Japon – taux qui reste tout de même plus de 1,5 fois plus important que la moyenne mondiale.
Un problème social pris au sérieux
Suite à la recrudescence des suicides observée à partir de 1998, un an après la crise financière et monétaire asiatique, le phénomène a été considéré comme « problème social » au milieu des années 2000. Une loi relative à la prévention du suicide a été adoptée en 2006 et une politique gouvernementale visant à lutter contre le fléau et aider les survivants a vu le jour un an plus tard. En 2010, le mois de mars – correspondant à la diffusion des données – a été baptisé « mois national de la prévention du suicide ». Depuis, la police diffuse également des statistiques détaillées du nombre de personnes mettant fin à leurs jours.
Avec 27 858 cas en 2012, soit près de 3 000 de moins qu’en 2011, on est encore loin de la moyenne des années 1978 à 1997, où le nombre moyen de suicides par an était inférieur à 23 000. En 2012, 60% des personnes s’étant donnés la mort étaient au chômage et 70% étaient des hommes. Les trois principales causes ayant poussés les Japonais à se suicider étaient les problèmes de santé (48%, tendance stable), les problèmes financiers (18,4%, en baisse) et les problèmes familiaux (14,4%, en hausse).
Hausse du taux de suicide chez les jeunes
Mais si la tendance est encourageante depuis 2009, la prévention des suicides reste une politique très importante. Depuis quelques années, le gouvernement insiste sur le lien entre suicide et alcool, suite à une étude nippone indiquant que le risque de passage à l’acte est deux à trois fois plus élevé pour les personnes buvant plus de trois go (54 cl) d’alcool par jour.
En 2012, l’accent a également été mis sur le soutien aux enfants et jeunes adultes ainsi qu’aux personnes ayant déjà tenté de se suicider. En effet, si le phénomène touche de moins en moins les personnes d’âges moyens et avancés, il affecte de plus en plus les personnes entre 20 et 40 ans. Ces dernières semblent aussi commettre l’irréparable en raison de problèmes psychiatriques ou d’expériences traumatisantes, pouvant être liés à un manque de confiance en soi.