Deux condamnés à mort ont été pendus mardi au Japon, ce qui porte à 15 le nombre d’exécutions depuis le début de l’année, un record depuis plus de trente ans.
« Deux personnes ont été exécutées aujourd’hui », a déclaré un porte-parole du ministère de la Justice, sans autres détails.
Selon l’agence de presse Jiji, les deux prisonniers étaient âgés de 70 et 55 ans.
Il s’agit des premières pendaisons depuis l’arrivée au pouvoir du Premier ministre Taro Aso il y a un mois.
Quinze personnes au total ont été exécutées au Japon cette année, soit le plus grand nombre de pendaisons depuis le record de 17 en 1975. Depuis le 25 décembre 2006, date de la rupture d’un moratoire de facto de quinze mois sur l’application de la peine capitale, 28 personnes ont été pendues.
Seiken Sugiura, ministre de la Justice entre 2005 et 2006, avait en effet refusé de signer les arrêts de mort en vertu de ses convictions bouddhistes.
Au Japon, chaque exécution doit être approuvée par le ministre de la Justice.
Peu après sa nomination dans le gouvernement de M. Aso, le nouveau ministre japonais de la Justice Eisuke Mori s’était engagé à poursuivre les exécutions.
« J’accomplirai mes devoirs, dans le respect de la loi et des décisions des tribunaux », avait affirmé M. Mori, 60 ans, devant la presse.
Le Japon est le dernier grand pays industrialisé, avec les Etats-Unis, où la peine de mort est encore en usage. Les autorités justifient son maintien par le soutien dont elle jouit parmi la population.
La Fédération internationale des droits de l’Homme (FIDH) dénonce cet argument, en affirmant que les sondages sont faits « de manière biaisée » et que les questions posées sont « orientées afin d’obtenir la réponse souhaitée ».
Dans un rapport publié le 9 octobre, la FIDH a reproché au Japon d’aller « à contre-courant » de la tendance internationale en poursuivant les exécutions.
« Le Japon continue de condamner à mort des criminels et de les enfermer pendant des décennies dans des prisons où règnent le secret et l’isolement, dans l’ignorance ou le mépris de l’opinion mondiale », a écrit dans ce rapport Florence Bellivier, secrétaire générale de la FIDH.
Dan Van Raemdonck, vice-président de l’organisation, a précisé que 102 personnes, début octobre, étaient détenues dans les couloirs de la mort au Japon. « Aucune révision de procès de condamnés à mort n’a été acceptée depuis 1986 et aucun condamné n’a été gracié depuis 1975 », a-t-il souligné.
AFP