{{En 1968, le Japon devenait la deuxième économie du monde après les Etats-Unis. Aujourd’hui, la Chine prend sa place. L’économie japonaise est à l’arrêt, la dette publique a explosé. Les marges de manoeuvre politiques sont très minces.}}
En 1950, le PIB du Japon représentait à peine 20 % du PIB américain. En 1968, l’Archipel ravissait la place de deuxième économie du monde à l’Allemagne. En 1991, le PIB nippon atteignait 80 % du PIB américain. Aujourd’hui, la tendance est inversée. La Chine a pris la place de deuxième économie du monde et personne dans l’Archipel ne voit qui pourrait {«relancer la machine}». Depuis vingt ans, le Japon n’en finit plus de payer les pots cassés de l’éclatement de sa bulle financière née à la fin des années 1980.
Son économie est à l’arrêt, grippée par une population vieillissante, en diminution et dont le pouvoir d’achat stagne, voire baisse. La solution de ces maux est politique ; mais les gouvernements successifs n’ont fait qu’empirer la situation. Pour préserver le statu quo, ils ont substitué la demande publique à la demande privée, faisant s’envoler la dette de l’État, aujourd’hui à 200 % du PIB ; bonne fille, la Banque du Japon a rabaissé à zéro ses taux directeurs. Cette politique monétaire laxiste, en rendant le crédit gratuit, a permis aux entreprises les moins rentables de survivre, et empêché les plus rentables de se développer, retardant l’assainissement de l’économie.
Parallèlement, les entreprises de l’Archipel ont raté leur mondialisation. Contrairement à la légende, le Japon n’est pas une puissance exportatrice. Seuls quelques secteurs (automobile, outillage industriel, électronique, construction navale) jouent un rôle au plan mondial. Les autres entreprises sont restées trop axées sur l’immense marché intérieur et n’ont pas su en profiter pour lancer leur expansion mondiale. Dans la finance, la pharmacie, l’agroalimentaire, la distribution ou la construction aucun groupe nippon n’émarge hors de ses frontières.
Dépassé par la Chine, le Japon voit poindre d’autres sérieux concurrents en Asie. Ainsi, la Corée du Sud, qui ne donne aucun signe d’essoufflement malgré la crise, menace de le dépasser dans le classement de la richesse mondiale.{ «Si on prolonge les tendances en cours et qu’il n’y a pas de guerre entre la Corée du Nord et celle du Sud, cette dernière dépassera le Japon dans environ dix ans»}, estime le consultant Gerhard Fasol, d’Eurotechnology. Seul espoir : la Chine justement. Les Chinois deviendront peut-être les {«consommateurs de dernier ressort»} de la zone Asie. Le Japon sera alors l’un des premiers à bénéficier de cette manne.
[Source: Lefigaro.fr->http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2010/08/16/04016-20100816ARTFIG00471-le-japon-du-miracle-au-malaise.php]