ACCRA, 28 août (IPS) – Le Japon a réitéré son engagement à aider les pays africains dans leurs efforts pour lutter contre le changement climatique, avec une enveloppe globale de 10 milliards de dollars à mettre à la disposition des pays en développement.

La confirmation de l’aide a été faite à la conférence des Nations Unies sur le changement climatique qui s’est réunie du 21 au 27 août à Accra, la capitale du Ghana. Elle a regroupé un millier de participants venus de 160 pays aussi bien développés que moins avancés, pour préparer l’élaboration des grands axes d’un nouveau traité qui devrait remplacer le Protocole de Kyoto qui expire en 2012.

Les travaux de la conférence ont porté notamment sur la question des forêts, puisque les émissions provenant de la déforestation comptent pour 20 pour cent dans les émissions de gaz à effet de serre. La conférence a examiné également les moyens d’améliorer l’efficacité du mécanisme pour un développement propre, le financement et le transfert de technologies pour renforcer les actions de réduction des émissions de gaz à effet de serre, ainsi que l’adaptation aux impacts du changement climatique.

« Depuis l’année dernière, le Japon a annoncé son intention de supporter les pays d’Afrique dans le domaine de l’adaptation et de l’atténuation face aux effets négatifs du changement climatique par le biais d’un mécanisme financier », a expliqué Hitoshi OE, directeur général adjoint des affaires internationales du ministère japonais des Affaires étrangères.

« Le problème du changement climatique est un problème global et donc, tous les pays doivent faire des efforts », a-t-il dit à IPS. Sur les 10 milliards de dollars du Japon, deux milliards seront sous forme de don pour l’adaptation et huit milliards de dollars sous forme de prêt pour l’atténuation des effets du changement climatique, a-t-il ajouté.

En tant qu’élément du ‘Cool Earth Partnership’, le Japon avait annoncé un plan pour accorder cette aide aux pays en développement pour essayer de concilier la croissance économique avec les objectifs de réduction du réchauffement climatique. Cette explication avait été donnée par le Japon au quatrième round de la Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (TICAD), réunie en juin dernier près de la capitale japonaise.

A l’époque, Le Réseau des ONG avait regretté que cet argent soit principalement destiné aux grands pays en développement qui émettent des gaz à effet de serre responsables du réchauffement mondial.

Les ONG avaient souligné la nécessité d’un fonds pour le climat dont elles veulent qu’il soit séparé et vienne en plus de la promesse de 0,7 pour cent du produit intérieur brut sur l’aide publique au développement.

Les ONG voulaient également que ce fonds soit mis à la disposition du Fonds d’adaptation de l’ONU qui assure que la majorité des pays en développement auront un mot à dire dans la manière dont il est dépensé.

Selon le réseau,  »l’Afrique continuera de souffrir tant que et autant que le Japon continuera de causer le réchauffement mondial ». Il avait exhorté le Japon à réaliser un objectif ambitieux à mi-terme de réduction des émissions de gaz à effet de serre et à donner un financement d’adaptation aux pays africains.

Trois mois plus tard, des participants la conférence de l’ONU à Accra sur le changement climatique apprécient favorablement la décision du Japon.

« L’initiative du Japon reste très intéressante en ce sens que l’Afrique est vraiment le continent le plus vulnérable en matière de changement climatique et compte tenu de ses moyens limités, je pense que tout appui financier et de transfert de technologie est vraiment le bienvenu », a déclaré Augustin Kaboré, membre du secrétaire permanent du Conseil national de l’environnement du Burkina Faso, un organe gouvernemental. « A l’image du Japon, d’autres pays développés doivent soutenir l’Afrique.

En outre, les participants à la conférence d’Accra ont déploré le fait que l’Afrique n’accède pas, comme il le faut, aux investissements des projets respectueux de l’environnement inscrits dans le cadre du mécanisme pour un développement propre (MDP).

Yvo de Boer, secrétaire exécutif de la Convention des Nations unies sur les changements climatiques, a regretté que seulement 27 projets aient été financés dans sept pays d’Afrique à hauteur de 378 millions de dollars sur plus de 3.000 projets en cours pour une enveloppe globale de 2,4 milliards de dollars.

Damien Demally, responsable du programme énergie et climat au sein de la branche française de l’organisation non gouvernementale (ONG) « Fonds mondial pour la nature », n’a pas caché sa déception face à cette situation, car selon lui, les pays africains font partie des premières victimes des effets du changement climatique alors que l’Afrique émet jusqu’à présent très peu de gaz à effet de serre.

Les pays africains émettent environ 20 pour cent des gaz à effet de serre. « Les pays africains sont malheureusement les premières victimes en termes d’inondations, de sécheresse avec tous les impacts qu’elles présentent », a-t-il ajouté.

Selon Demally, il faudra mettre en place des infrastructures dans les pays menacés par des inondations et trouver de nouveaux moyens de cultiver de nouvelles plantes pour faire face à la sécheresse dans les pays exposés au phénomène.

Komi Tomyeba, un responsable du Togo pour les questions climatiques, a souhaité que la lutte contre la déforestation soit prise en compte dans les priorités de la lutte contre le changement climatique. « La réduction des émissions de gaz à effet de serre, à partir de la déforestation, est un sujet fondamental pour les pays africains », a-t-il dit.

Il a demandé plus d’efforts de la part des pays développés dans le cadre du mécanisme pour la réduction des émissions de carbone liées à la déforestation. « Ce mécanisme permettra de soutenir financièrement les pays pauvres à lutter contre la déforestation », a-t-il insisté.

Le responsable de l’Agence de protection de l’environnement au Ghana, William Kojo Agyemang-Bonsu, a déclaré que 75 millions à 250 millions de personnes pourraient être confrontées à un grave problème d’approvisionnement en eau en Afrique d’ici à 2020, à cause du changement climatique.

« Le changement climatique va aussi provoquer un relèvement du niveau de la mer », a-t-il expliqué, soulignant que les rendements agricoles pourraient connaître une réduction de 50 pour cent dans certains pays pour les mêmes raisons.

« Il faut que les pays développés puissent transférer aux pays du Sud, comme convenu dans le Protocole de Kyoto, les moyens et la technologie nécessaires pour faire face à la question du changement climatique », a souligné Belmond Tchoumba, de la Fédération internationale des amis de la terre. « Il y a des propositions sur la mise à disposition de fonds qui aideraient les pays en développement à lutter contre la déforestation ».

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