Trois condamnés à mort pour meurtre ont été pendus jeudi à l’aube au Japon, ce qui porte à 13 le nombre d’exécutions capitales depuis le début de l’année dans le pays, le nombre le plus élevé en 33 ans, a annoncé le ministère de la Justice.

Selon le ministère, il s’agit de Yoshiyuki Mantani, 68 ans, de Mineteru Yamamoto, 68 ans, et d’Isamu Hirano, 61 ans. Deux ont été pendus à la prison d’Osaka (ouest) et le troisième à Tokyo. Les trois avaient été condamnés dans des affaires de meurtres aggravés de vols.

Ces exécutions portent à 13 le nombre de condamnés à mort pendus au Japon en 2008, soit déjà le nombre le plus élevé en un an depuis les 17 pendaisons de toute l’année 1975. Elles portent en outre à 26 le nombre d’exécutions depuis le 25 décembre 2006, date de la rupture d’un moratoire de facto de quinze mois sur l’application de la peine capitale.

Il s’agit des premières exécutions ordonnées par le ministre de la Justice Okiharu Yasuoka depuis sa nomination le 1er août dernier. Son prédécesseur, Kunio Hatoyama, avait signé un nombre record de 13 arrêts de mort, ce qui avait amené un journal à le surnommer « Shinigami », un « dieu de la mort » japonais dont la représentation est inspirée de « la faucheuse » des cultures occidentales.

Au Japon, chaque exécution doit être approuvée par le ministre de la Justice en personne pour pouvoir être menée.

« J’ai accompli fermement mon devoir de responsable du respect de la loi et de l’ordre », a déclaré M. Yasuoka lors d’une conférence de presse.

M. Yasuoka doit démissionner à la fin du mois en même temps que le reste du gouvernement en raison du départ du Premier ministre Yasuo Fukuda, dont le successeur doit être désigné le 22 septembre par le parti au pouvoir. Le ministre peut toutefois retrouver son poste dans le prochain gouvernement.

Les exécutions au Japon sont souvent ordonnées par les ministres de la Justice peu de temps avant leur départ, à l’occasion de remaniements ministériels ou de changements de Premier ministre. M. Yasuoka a toutefois démenti que sa décision d’envoyer les trois condamnés à la potence ait quelque chose à voir avec la situation politique du moment dans l’archipel.

« Cela n’a rien à voir. J’ai accompli mon devoir professionnel sans tenir compte du calendrier », a affirmé le ministre.

Amnesty International a annoncé l’envoi d’une lettre de protestation au ministère. « Ces exécutions ont eu lieu dans une période de vide politique », a dénoncé le secrétaire général de l’organisation au Japon, Makoto Teranaka, selon qui l’application de la peine de mort au Japon « va clairement à l’encontre de la tendance internationale au respect des droits de l’homme ».

Le Japon est le dernier grand pays industrialisé, avec les Etats-Unis, où la peine de mort est encore en usage. Les autorités justifient régulièrement son maintien par le soutien dont elle jouit parmi la population (81,4% des Japonais y sont favorables pour les crimes les plus violents et seulement 6% souhaitent son abolition, selon le dernier sondage en la matière publié début 2005).

Un moratoire de facto de quinze mois sur les exécutions avait été observé au Japon en 2005 et 2006, le ministre de la Justice de l’époque ayant toujours refusé de signer les arrêts de mort en raison de ses convictions bouddhistes.

AFP

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