Si les centres d’évacuation étaient au départ censés accueillir tous les sans-abri, cette règle est devenue caduque. La peur ronge les personnes qui s’y sont déjà réfugiées. Désormais, toutes les personnes résidant dans un rayon de 30 kilomètres autour de la centrale «doivent fournir un certificat», déclare le responsable d’un centre, sous couvert d’anonymat. Si elles n’en ont pas, elles doivent se soumettre à une détection sur place». «C’est pour que les autres évacués se sentent en sécurité», ajoute-t-il.
Le problème s’est encore accru : mardi, le gouvernement a ajouté cinq localités au plan d’évacuation, dont certaines situées au-delà du rayon de 30 kilomètres. Pourtant, «à moins qu’il ne s’agisse d’employés de la centrale, les gens ordinaires ne sont pas dangereux», assure la préfecture de Fukushima, déplorant que «cela puisse conduire à une discrimination». Cet épisode a ravivé le souvenir des discriminations dont ont souffert les hibakusha (les survivants irradiés par les bombes atomiques américaines de Hiroshima et Nagasaki), mis à l’écart de peur de contaminer les autres.
«Inhabitable pendant dix ou vingt ans». La région qui entoure la centrale nucléaire accidentée de Fukushima, pourrait être «inhabitable pendant dix ou vingt ans», a affirmé Kenichi Matsumoto, conseiller au secrétariat du cabinet du Premier ministre, Naoto Kan. Afin de mesurer les conséquences sanitaires à long terme de l’accident nucléaire, l’OMS suggère de créer des systèmes de surveillance sur dix à vingt ans. Pour la directrice du département Santé publique et Environnement de l’Organisation, il est «peut-être trop tôt» pour instaurer ces systèmes car le pays est toujours «dans une phase très aiguë de détection» de la radioactivité. «Nous sommes en discussion avec le Japon», précise l’OMS. Les autorités japonaises ont déjà instauré la surveillance des fonctions thyroïdiennes de plus de 940 enfants, sans déceler de risque.
[©2011 – LeParisien.fr avec l’AFP – Retrouvez l’article original sur leParisien.fr->http://www.leparisien.fr/tsunami-pacifique/fukushima-les-riverains-de-la-centrale-font-peur-13-04-2011-1406483.php]