Le Japon va proposer de prêter jusqu’à environ 100 milliards de dollars prélevés sur ses réserves de change au Fonds monétaire international (FMI) pour renflouer les pays les plus ruinés par la crise financière mondiale, a affirmé jeudi le quotidien Nikkei.
Cette offre gigantesque, qui augmenterait immédiatement de plus d’un tiers les ressources actuelles du FMI, sera formulée par le Premier ministre japonais Taro Aso lors du sommet des grands pays industrialisés et émergents du G20 samedi à Washington, a assuré le Nikkei.
Selon le journal, le montant exact du prêt au FMI n’a pas encore été décidé, mais il pourrait atteindre 10% des réserves de change japonaises, qui s’élevaient fin octobre à près de 978 milliards de dollars fin octobre et sont les deuxièmes plus importantes du monde derrière celles de la Chine.
Toujours d’après le Nikkei, M. Aso appellera en outre les autres pays disposant d’amples réserves de change, dont la Chine et les monarchies pétrolières du Moyen-Orient, à faire preuve de la même générosité.
Le Japon ne mettra dans un premier temps à disposition du FMI que ses réserves en argent liquide. Le gros des réserves de change japonaises est en effet constitué de bons du Trésor américains, et une vente massive de ces derniers pour procurer des liquidités aurait un effet déstabilisant le marché et les taux d’intérêt à long terme, a poursuivi le journal économique.
Le gouvernement pourrait également prêter ses bons du Trésor au FMI, lequel s’en servirait alors comme garantie pour lever des fonds.
Interrogé par la presse, le ministre des Finances, Shoichi Nakagawa, a simplement déclaré que le gouvernement était en train de mettre la dernière main à ses projets avant le sommet de Washington.
Cette mesure potentielle n’a guère enthousiasmé les analystes, alors que le Japon subit lui-même les effets de la crise et est menacé de récession.
« Bien sûr, il est important de tirer d’affaire les pays émergents. Mais qu’en est-il de notre propre pays? Nous serions beaucoup plus heureux si cette somme nous était destinée », s’est plaint Daisuke Uno, stratège en chef chez Sumitomo Mitsui Banking Corporation.
« Le Japon n’aime pas qu’on le traite de portefeuille du monde. Mais ce type de mesure ne fera que renforcer les moqueries », a-t-il estimé.
AFP