Le Japon a minimisé jeudi l’importance de la décision du gouvernement américain de reconnaître à nouveau comme territoire sud-coréen un groupe d’îles revendiquées également par Tokyo.

Le président américain George W. Bush a déclaré mercredi que le Bureau des noms géographiques, une organisation gouvernementale américaine, allait revenir à la désignation traditionnelle d’îles appartenant à la Corée du Sud.

Le Bureau américain avait décidé il y a une semaine de classer l’archipel en « territoire à souveraineté non désignée », en raison du conflit qui oppose le Japon et la Corée du Sud sur la souveraineté de ces îles, appelées Takeshima (« îles des bambous ») par les Japonais et Dokdo (« îles solitaires ») par les Sud-Coréens.

Cette décision a suscité une vive protestation des autorités sud-coréennes, à quelques jours d’une visite à Séoul du président Bush.

« Concernant la base de données, j’ai demandé à (la secrétaire d’Etat Condoleezza) Rice de la reconsidérer » et elle « sera rétablie comme elle était précédemment », a déclaré M. Bush lors d’une interview avec des médias asiatiques avant sa tournée en Asie.

Interrogé sur ce revirement, le gouvernement japonais a tenté jeudi de feindre l’indifférence, allant même jusqu’à affirmer que la position américaine au sujet de ces îles n’avait pas fondamentalement changé.

« Nous ne pensons pas forcément nécessaire de réagir de façon excessive à chaque fois qu’une organisation du gouvernement américain fait quelque chose », a déclaré le porte-parole du gouvernement, Nobutaka Machimura, lors d’une conférence de presse.

« Le gouvernement japonais ne croit pas que la modification du statut (des îles) dans la base de données reflète un changement de position de la part des Etats-Unis », a-t-il ajouté, sans toutefois expliquer son raisonnement.

La Corée du Sud a rappelé à la mi-juillet son ambassadeur à Tokyo après que le ministère japonais de l’Education eut donné pour instruction aux enseignants des lycées d’inclure au programme la revendication par le Japon de la souveraineté sur ces îles situées à mi-distance des deux pays.

L’occupation japonaise de la péninsule coréenne pendant la première moitié du 20e siècle a laissé des souvenirs douloureux en Corée du Sud, comme l’ont rappelé trois manifestants sud-coréens venus exprimer leur colère à Tokyo en brandissant un drapeau avec un message écrit en lettres de sang, devant le bureau du Premier ministre japonais Yasuo Fukuda.

L’un des protestataires, ancien élu local de la ville de Séoul, a même tenté de se couper un doigt, mais il a été maîtrisé et emmené par la police, ont indiqué des témoins.

Les deux autres manifestants ont été autorisés à remettre une lettre ouverte adressée à M. Fukuda au sujet des îles contestées.

« Le Japon ne doit pas à nouveau déformer l’histoire ou comploter pour récupérer les Dokdo, ce qui reviendrait à déclencher une guerre pour, une fois encore, envahir la terre du peuple coréen », indique notamment la lettre.

Lemonde.fr

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