La Chine a convoqué pour la 5e fois l’ambassadeur du Japon pour exiger la libération du capitaine d’un chalutier chinois arraisonné par Tokyo, ne désarmant pas dans cette première crise diplomatique entre les deux voisins en quatre ans qui inquiète Washington.
Le ministère chinois des Affaires étrangères a annoncé mercredi avoir convoqué de nouveau l’ambassadeur Uichiro Niwa pour exiger la libération du capitaine du chalutier chinois arraisonné le 7 septembre dans une zone de la mer de Chine orientale revendiquée par les deux puissances asiatiques rivales.
Il s’agit de la 5e convocation en une semaine de cet ambassadeur — qui vient de prendre ses fonctions –, un nombre « impressionnant », relèvet un diplomate occidental. Et qui laisse penser que Pékin ne désarmera pas tant qu’il n’aura pas obtenu la libération du capitaine Zhan Qixiong.
Le vice-ministre chinois des Affaires étrangères, Liu Zhenmin, a de nouveau protesté devant l’ambassadeur nippon contre la « détention illégale » du capitaine et demandé sa « libération immédiate », a indiqué le ministère sur son site internet.
Le chalutier chinois, entré en collision avec deux patrouilleurs nippons, a été arraisonné près d’un groupe d’îlots appelés Senkaku en japonais et Diaoyu en chinois, à mi-distance entre Taïwan et Okinawa.
La Chine, le Japon et Taïwan se disputent la souveraineté de l’archipel dont les eaux sont poissonneuses et qui renfermerait d’importantes réserves d’hydrocarbures.
Si les 14 membres d’équipage ont déjà été libérés et le bateau rendu à la Chine, le capitaine du chalutier a été remis à la justice japonaise et encourt éventuellement plusieurs années de prison.
Le Japon a souligné que cette affaire « serait traitée conformément à la loi » tandis que le gouvernement chinois a averti que l’incident pourrait avoir de « graves conséquences » sur les relations sino-japonaises.
Intervenant dans la crise, les Etats-Unis ont demandé mardi à la Chine et au Japon de « régler pacifiquement par le dialogue » leur différend, rappelant au passage la solidité de l’alliance nippo-américaine, « pierre angulaire de sécurité et de stabilité en Asie », au risque d’irriter davantage la Chine.
Alors que la crise connaissait une escalade en début de semaine, Pékin avait annoncé le report de la visite prévue mercredi à Tokyo d’une délégation de parlementaires chinois.
Elle avait auparavant reporté des discussions bilatérales prévues avec le Japon sur l’exploration d’hydrocarbures en mer de Chine orientale, une décision qualifiée d' »extrêmement regrettable » par Tokyo.
Les censeurs de l’internet veillaient apparemment à ce que les nationalistes ne se déchaînent pas sur la Toile, même si circulait un appel à une manifestation samedi devant le consulat du Japon à Shanghai (est).
Le quotidien japonais Asahi Shimbun faisait état d’appels à manifester devant l’ambassade du Japon à Pékin pour ce jour anniversaire du début de l’invasion japonaise, mais ceux-ci n’étaient pas visibles sur le net.
Au-delà des rivalités territoriales en mer, les relations entre la Chine et le Japon restent marquées, en dépit de l’importance croissante de leurs liens économiques, par une grande défiance héritée de la Guerre sino-japonaise.
La crise diplomatique actuelle est la première vraie crise entre la Chine et le Japon depuis 2005 et 2006, années qui avaient vu des manifestations antijaponaises, parfois violentes, en Chine.
Le déclencheur de ces protestations dans plusieurs villes chinoises avait été en 2005 la révision de manuels japonais d’Histoire et en 2006 une nouvelle visite au sanctuaire de Yasukuni, qui honore la mémoire de criminels de guerre, du Premier ministre Junichiro Koizumi.
Source: [AFP->