Déçus par la timidité du Premier ministre Taro Aso contre le réchauffement climatique, les écologistes espèrent l’alternance après les législatives au Japon, mais des experts relèvent que l’opposition n’est pas beaucoup plus « {verte} ».
M. Aso s’est mis à dos les défenseurs de l’environnement en dévoilant en juin un objectif de réduction de gaz à effet de serre de 8% d’ici 2020 par rapport à 1990, loin des 20% fixés par l’Union européenne (UE).
Pour les militants, le chef du gouvernement, qu’ils ont surnommé « {George W. Aso} », n’a pas pris la mesure de l’urgence: l’archipel va fortement contribuer à la fonte des glaciers et au réchauffement planétaire qui pourrait atteindre 3°C, selon Greenpeace.
Aussi, nombre d’écologistes ont-ils bien accueilli la proposition plus ambitieuse du principal rival de M. Aso, Yukio Hatoyama, président du Parti Démocrate du Japon (PDJ, centre), de viser 25% de réduction sur la même période.
Le PDJ est favori des élections du 30 août au cours desquelles le Parti Libéral-Démocrate (PLD, droite) de M. Aso, réputé proche du grand patronat, pourrait perdre le pouvoir qu’il exerce depuis 54 ans quasiment sans interruption.
L’association WWF pense que le problème de l’environnement pourrait avoir son importance le jour du vote, notamment pour le tiers d’électeurs encore indécis.
M. Hatoyama s’est engagé à défendre son objectif à Copenhague en décembre, lors d’une conférence internationale pour trouver un successeur au protocole de Kyoto sur la réduction des gaz à effet de serre, dont les premiers engagements expirent en 2012.
« {J’espère un changement de gouvernement. Si le PLD reste au pouvoir, rien ne bougera} », confie Yurika Ayukawa, militante écologiste et professeur à l’Institut pour le développement durable de l’Université d’Osaka.
Selon elle, « {le Japon a besoin d’un changement drastique dans sa politique sur le réchauffement climatique} », comme d’introduire des « {taxes environnementales} » et des obligations de réductions d’émissions de CO2 pour l’industrie.
Les chiffres bruts peuvent toutefois s’avérer trompeurs, préviennent des experts.
Contrairement aux 8% du PLD, les 25% du PDJ incluent les réductions obtenues via les marchés carbone et les programmes de reforestation lancés à l’étranger (comme l’objectif de l’UE).
Shuzo Nishioka, membre du groupe d’experts qui a calculé l’objectif officiel annoncé en juin, affirme que si ces données étaient sorties du calcul du PDJ, son objectif tomberait à 15%.
Le PLD souligne par ailleurs que le Japon, deuxième économie mondiale, n’est que le cinquième émetteur de gaz à effet de serre, après la Chine, les Etats-Unis, l’Inde et la Russie. Une performance que le parti conservateur attribue à la haute efficacité énergétique de l’archipel.
Le gouvernement rappelle en outre qu’il soutient le développement des véhicules hybrides, moins polluants, et de l’énergie solaire.
A contrario, son rival PDJ a fait plusieurs promesses à l’opposé d’une politique « {verte} », comme la suppression des péages d’autoroute et de certains impôts payés par les automobilistes.
La Coalition des collectivités locales pour une action environnementale a estimé que ces réformes entraîneraient un rejet de quelque 10 millions de tonnes de CO2 supplémentaires chaque année.
Que le pouvoir soit PLD ou PDJ, M. Nishioka estime que le nouveau gouvernement pourrait aller beaucoup plus loin. « {Le Japon peut techniquement réduire ses émissions de 25% d’ici 2020, même sans compter les gains engendrés par les marchés carbone et la reforestation} ».
[Source : AFP/Romandie News->http://www.romandie.com/infos/news2/090823041111.foeki5lo.asp]