Le Premier ministre japonais, Naoto Kan, et l’ancien numéro deux du Parti démocrate (PDJ) Ichiro Ozawa vont se revoir samedi pour tenter de régler leur querelle, qui menace d’aggraver les dissensions au sein de cette formation au pouvoir, rapporte vendredi l’agence de presse Kyodo.
Cette querelle, qui porte sur les accusations de corruption visant Ozawa, détourne le gouvernement des décisions politiques à prendre et complique les perspectives d’adoption des projets de loi au parlement, comme ceux sur le budget de la prochaine année fiscale, qui commence le 1er avril, et auxquels le gouvernement devait donner son feu vert ce vendredi.
Ozawa avait rejeté lundi l’appel de Naoto Kan à comparaître devant un comité d’éthique parlementaire.
Le secrétaire général du PDJ Katsuya Okada a déclaré vendredi lors d’une conférence de presse que le dirigeant de la confédération japonaise des syndicats, puissant soutien du PDJ, était à l’origine de la nouvelle rencontre entre Kan et Ozawa.
Kan, qui est arrivé aux affaires en juin dernier en tant que cinquième Premier ministre en trois ans, s’efforce de faire preuve de fermeté face à Ozawa pour enrayer le déclin de sa popularité et ne pas devenir ainsi le prochain d’une série de chefs de gouvernement à démissionner après seulement quelques mois au pouvoir.
Naoto Kan espère qu’adopter une ligne dure à l’encontre d’Ozawa, qui nie toute malversation dans le scandale financier qui l’éclabousse, l’aidera à obtenir le ralliement de l’opposition, et notamment du parti Nouveau Komeito, à certains de ses projets de loi au parlement.
La plus importante formation d’opposition, le Parti libéral-démocrate (PLD), menace pour sa part de boycotter les débats à l’ouverture de la nouvelle session parlementaire en janvier, si le secrétaire général du gouvernement, Yoshito Sengoku, et le ministre des Transports, Sumio Mabuchi, ne démissionnent pas.
{{{LA COTE DU PDJ AU PLUS BAS}}}
La chambre haute du parlement, dont le PDJ a perdu le contrôle en juillet dernier lors d’élections, a adopté des motions de censure, non contraignantes, à l’encontre de ces deux responsables, en novembre, en mettant en cause leur gestion des tensions avec la Chine liées à un conflit territorial.
L’un des scénarios possibles de la rencontre Kan-Ozawa du jour de Noël, estiment certains politologues, serait de convaincre Ozawa de comparaître devant le parlement pour s’expliquer sur son rôle dans le scandale qui l’éclabousse, et de remanier le gouvernement en remplaçant Sengoku et Mabuchi.
Les tensions au sein du PDJ exacerbent les inquiétudes des marchés financiers face à l’absence de leadership dont aurait besoin le Japon au moment où il doit faire face à un certain nombre de difficultés économiques.
Kan, 64 ans, a déjà eu lundi un entretien d’une heure trente avec Ozawa, qui, à 68 ans, n’occupe plus de fonction dirigeante au sein du PDJ mais conserve une aura de « shogun de l’ombre ».
La cote de satisfaction du PDJ se situe actuellement à 21%, contre 18% pour le Parti libéral-démocrate (PLD, dans l’opposition), ce qui laisse penser que le PLD, qui a très longtemps dominé la vie politique nippone, ne parvient pas à tirer profit des déboires du parti au pouvoir.
Si Ozawa continue de refuser de comparaître devant la commission d’éthique, même s’il y est officiellement convoqué, Kan devra décider s’il tente de l’exclure, ce qui risquerait de provoquer de profondes fissures au sein du parti.
© [2010 (Reuters) Linda Sieg, Eric Faye – lenouvelObs.com->http://tempsreel.nouvelobs.com/actualite/monde/20101224.REU7795/au-japon-kan-et-ozawa-vont-tenter-de-regler-leur-querelle.html]