La conjoncture s’est plus fortement dégradée que prévu en août
La deuxième économie mondiale est en mauvaise posture. La production industrielle a diminué de 3,5%, soit la baisse la plus marquée depuis la création de l’indice en 2003. Le taux de chômage s’est établi à 4,2%, soit son plus haut niveau depuis juillet 2006.
La production industrielle et la consommation des ménages ont chuté et le chômage a augmenté plus que prévu en août au Japon, illustrant la rapide dégradation de la situation de la deuxième économie mondiale qui, selon certains analystes, s’achemine vers une récession.
La production industrielle japonaise a diminué de 3,5% en août par rapport à juillet, son recul le plus marqué depuis que l’indice a commencé à être calculé de cette façon en 2003, a annoncé mardi le ministère de l’Economie, du Commerce et de l’Industrie (Meti). Sur un an, elle a reculé de 6,9%.
Les économistes s’attendaient en moyenne à ce qu’elle recule de seulement 2,9% sur un mois, selon un sondage réalisé par le quotidien Nikkei auprès de 23 d’entre eux. Le Meti tablait également sur une contraction de 2,9%.
La dégringolade d’août, qui suit une augmentation de 1,3% en juillet, s’explique principalement par une diminution de la production chez les constructeurs et équipementiers automobiles, qui ont presque tous annoncé des réductions de cadences dans leurs usines pour s’adapter à une chute de la demande aux Etats-Unis. La production d’équipements de fabrication de semi-conducteurs a également diminué, a précisé le Meti.
« L’économie empire plus vite que ce que (les industriels) prévoyaient », a estimé Hiroshi Watanabe, économiste au Daiwa Institute of Research. « L’idée la plus répandue jusqu’à présent est que l’économie traversera une légère phase de correction mais échappera à une récession majeure. Mais la situation actuelle pourrait changer la donne », a averti M. Watanabe, selon qui « d’autres mauvaises surprises sont à venir ».
Un redémarrage de la production industrielle « n’est pas du tout en vue », a également estimé Naoki Murakami, économiste chez le courtier en ligne Monex. Selon lui, « la tourmente financière n’est toujours pas finie aux Etats-Unis, ce qui accroît le risque d’une récession prolongée jusqu’en 2009. Il est inévitable que le rétablissement de la production japonaise soit retardé ».
Toujours en août, le taux de chômage s’est établi à 4,2%, son plus haut niveau depuis juillet 2006, contre 4,0% en juillet, selon le ministère des Affaires intérieures. Les économistes tablaient sur un taux de 4,1%.
Le Japon comptait à la fin du mois d’août 2,72 millions de chômeurs, soit un bond de 9,2% par rapport à août 2007, pour une population active en recul de 0,3% à 66,77 millions d’individus.
On comptait par ailleurs fin août au Japon 86 offres d’emplois pour 100 demandes, contre 89 offres en juillet, a indiqué le ministère de la Santé, du Travail et des Affaires sociales dans un communiqué séparé. En un an, le nombre d’offres d’emplois dans la deuxième économie mondiale a fondu de 21,3%.
Enfin, la consommation des ménages a dégringolé de 4,0%, trois fois plus que la prévision moyenne des économistes (-1,4% ), les Japonais se montrant frileux dans leurs dépenses en raison de l’inflation et de la stagnation des salaires. « Les embauches sont moins nombreuses et cela ralentit la consommation », a également noté Naoki Murakami, l’économiste de Monex. « La hausse des prix des biens de consommation courante a réduit le pouvoir d’achat et cela mine le moral des consommateurs », a-t–il ajouté. (Source AFP)
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