Un nouveau vent solaire souffle sur le Japon. Après deux années de relative stagnation, le marché du photovoltaïque connaît un regain de dynamisme, similaire à celui qui avait amené les fabricants nippons, Sharp notamment, à jouer les premiers rôles au niveau mondial.

Dernière annonce en date, Tepco, la compagnie d’électricité de Tokyo, a dévoilé, le 20 octobre, un projet de centrale solaire d’un montant de 10 milliards de yens (83 millions d’euros). En service en 2011, cette installation, construite sur 30 hectares à Kawazaki, au sud de la capitale, pourra produire 20 MW, de quoi alimenter 5 900 foyers. En juin, Kepco, la compagnie du Kansai, avait annoncé la construction, avec Sharp, d’une centrale solaire à Sakai, près d’Osaka, d’une puissance potentielle de 10 MW.

Ces projets interviennent alors qu’en 2006 et 2007 les groupes nippons ont assisté à l’affirmation de fabricants comme l’allemand Q-Cell, le chinois Suntech Power ou le taïwanais Motec. Les entreprises de l’Archipel souffraient alors de l’absence d’une politique nationale du solaire.

En 2004, la suppression, pour motifs économiques, de la subvention accordée aux foyers désireux de s’équiper en panneaux solaires, avait fait baisser une demande dépendant à 80 % des particuliers.

Autre problème rencontré, l’approvisionnement en silicium, dont la demande a fortement augmenté à partir de 2004. Les prix ont augmenté. Une situation de pénurie latente s’est installée.

L’approche de 2012, date butoir pour le respect des critères du protocole de Kyoto, ajoutée à la forte hausse des prix des matières premières, a incité le gouvernement à se montrer plus entreprenant. En septembre, le ministère de l’économie, du commerce et de l’industrie, le METI, a dévoilé un Livre bleu prévoyant des aides pour l’installation de sites de production d’électricité d’origine solaire.

Dans le plan de relance de l’économie adopté début octobre, le gouvernement prévoit d’accorder 200 000 yens (1 670 euros) d’aide aux foyers qui s’équiperont d’une installation photovoltaïque, dont le montant moyen est de 2 millions de yens (16 704 euros). L’objectif est de multiplier par dix d’ici à 2010 la production d’électricité d’origine solaire par les foyers, actuellement à 1 400 MW, et de voir 80 % des maisons neuves équipées en 2030.

CELLULES SANS SILICIUM

Dans le même temps, les industriels nippons s’efforcent de mettre au point de nouveaux modèles de cellules moins onéreuses et surtout sans silicium. Des cellules CIS – cuivre, indium, sélénium – ont été mises en vente par Showa Shell et Honda en 2007 et les modèles les plus aboutis offrent des rendements de 15,9 %. D’autres technologies sont explorées, comme celle des DSC, Dye-sensitized cell, qui fonctionne à partir de la réaction à la lumière d’un matériau teint.

Mais les modèles au silicium, plus performants, continuent de dominer le marché. Cent fois moins présente que dans les cellules conventionnelles, la silicone reste la base des modèles que Sharp va produire en masse dès l’exercice 2009, ou de ceux de Sanyo, Kyocera et Mitsubishi Electric.

Le solaire semble sur le point de se développer rapidement au Japon, et cette technologie suscite bien des espoirs. Le président de Sharp, Katsuhiko Machida, affirmait en août qu’avec les rendements actuels, « si 23 millions de maisons étaient équipées de panneaux solaires produisant chacun 3 kW, 60 centrales thermiques deviendraient inutiles ».

Philippe Mesmer

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