Tokyo (awp/afp) – La Banque du Japon (BoJ) a amélioré mardi son évaluation d’une économie nippone jugée en phase de reprise progressive, tout en décidant de poursuivre sa politique de taux zéro pour favoriser la croissance et lutter contre la déflation.
« L’économie japonaise se reprend progressivement d’une phase de ralentissement », a expliqué la BoJ dans un communiqué, à l’issue d’une réunion de deux jours de son comité de politique monétaire.
L’institution améliore ainsi son diagnostic pour la première fois depuis neuf mois. Fin janvier, elle jugeait encore que la reprise de l’économie du Japon semblait « marquer une pause ».
« Les exportations et la production du Japon semblent progresser de nouveau, alors que la croissance de l’économie mondiale repart, tirée par les puissances émergentes et les exportateurs de matières premières », a-t-elle jugé mardi.
La croissance nippone a atteint 3,9% sur l’ensemble de 2010, grâce à des exportations dynamiques vers les pays émergents et à une consommation intérieure soutenue par des incitations publiques à l’achat d’automobiles « écologiques » et d’appareils électroménagers peu gourmands en énergie.
Au quatrième trimestre 2010 toutefois, des commandes moins vigoureuses de l’étranger et l’atténuation des subventions étatiques ont entraîné une réduction de 0,3% du Produit intérieur brut (PIB) en rythme trimestriel.
Mais la BoJ a distingué plusieurs motifs d’optimisme: « L’investissement a commencé à redémarrer. La situation de l’emploi et des revenus reste difficile, mais moins qu’avant », a-t-elle souligné.
Elle a aussi mis en avant « la reprise de l’investissement immobilier » et « la détente des conditions de financement ».
L’institut d’émission a en revanche convenu que la consommation de certains produits avait subi « une chute après la forte hausse relevée précédemment », en référence aux achats de voitures et d’électroménager.
Les neuf membres du comité de politique monétaire ont par ailleurs et sans surprise maintenu à l’unanimité le principal taux directeur de la BoJ entre 0,0% et 0,1%, prolongeant une politique de taux zéro débutée en octobre et destinée, notamment, à lutter contre la baisse des prix qui sévit au Japon depuis bientôt deux ans.
Cette déflation est l’un des principaux freins à la reprise nippone, car elle incite les consommateurs à repousser leurs achats, en leur faisant miroiter des tarifs plus avantageux, et dissuade les entreprises d’investir, en diminuant leurs perspectives de profit.
Les prix à la consommation, hors produits périssables, ont ainsi diminué de 1,0% en 2010 par rapport à 2009, bien que le rythme de la baisse se calme depuis le record d’août 2009 (-2,4% sur un an).
« Le déclin des prix à la consommation d’une année sur l’autre devrait continuer de ralentir », a estimé la BoJ.
Elle prévoit que la déflation s’interrompera lors de l’année budgétaire d’avril 2011 à mars 2012, avec une évolution des prix juste positive (+0,3%).
La BoJ estime par ailleurs que la croissance du PIB devrait se limiter à 1,6% pour l’année budgétaire d’avril 2011 à mars 2012, avant d’augmenter légèrement à +2,0% en 2012-2013.
« Afin d’aider l’économie japonaise à vaincre la déflation et à retrouver la voie d’une croissance assortie d’une stabilité des prix », elle a promis de continuer « de mener sa politique d’assouplissement monétaire, d’assurer la stabilité du marché financier et de soutenir les fondations de la croissance ».
Entre autres décisions d’assouplissement monétaire, la banque a annoncé ces derniers mois l’achat d’obligations d’Etat et de divers autres titres pour un montant de 5.000 milliards de yens (44 milliards d’euros) et le déblocage de prêts aux banques, à taux fixe préférentiel et pour une durée de trois ou six mois, pour un total de 30’000 milliards de yens.
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(AWP/15 février 2011 07h00)
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