Par Leika Kihara

TOKYO (Reuters) – Pour la deuxième fois en deux mois, la Banque du Japon (BoJ) a revu à la baisse son jugement sur la situation économique de l’archipel, confirmant les craintes de voir le ralentissement mondial et la crise du crédit faire basculer le pays dans la récession.

« La croissance économique a été lente dans un contexte de prix élevés de l’énergie et des matières premières et de croissance faible des exportations », a estimé la banque centrale après la décision unanime de son comité de politique monétaire de laisser la politique monétaire inchangée.

L’objectif de taux au jour le jour reste fixé à 0,5%.

Le mois dernier, la BoJ avait déjà présenté sa plus faible prévision de croissance depuis six ans. Depuis, les statistiques officielles ont montré que le produit intérieur brut japonais s’était contracté de 0,6% au deuxième trimestre, sa plus mauvaise performance depuis sept ans.

« Nous ne sommes pas surpris par le vocabulaire utilisé par la BoJ, selon laquelle la croissance est lente », a commenté Kyohei Morita, chef économiste de Barclays Capital. « Ce qui est plus intéressant, c’est le fait qu’elle reconnaisse que la croissance des exportations ralentit. La banque centrale avait toujours dit auparavant que les exportations étaient orientées à la hausse mais ce jugement a désormais changé. »

Dans son communiqué, la banque centrale ajoute qu’après une période de croissance molle, l’économie devrait renouer progressivement avec une croissance modérée, grâce à la stabilisation des prix des matières premières et à la fin du ralentissement des économies étrangères.

LA RÉCESSION QUASI-CERTAINE

Au cours d’une conférence de presse, le gouverneur de la BoJ, Masaaki Shirakawa, a assuré que les fondamentaux de l’économie japonaise n’étaient pas remis en cause.

« Même si nous avons dit que la croissance économique était lente, la probabilité d’une détérioration marquée de l’économie japonaise est faible », a-t-il ajouté.

De son côté, le gouvernement devrait définir cette semaine les grandes lignes d’un plan de soutien aux entreprises et à la consommation, sans toutefois augmenter les dépenses publiques.

Les exportations japonaises vers les pays émergents d’Asie ont baissé en juin par rapport au même mois de l’an dernier et la production industrielle a reculé au cours des deux derniers trimestres, ce qui est généralement un signe avant-coureur de récession.

La BoJ ajoute qu’elle conduira une politique monétaire flexible tout en surveillant les risques dans les deux directions, une formulation qu’elle utilise depuis avril pour montrer qu’elle n’a aucun biais, ni à la hausse ni à la baisse, en matière de taux.

Si le ralentissement économique est passé au premier rang de ses préoccupations, la BoJ doit aussi rester vigilante sur le front de l’inflation: la hausse des prix à la consommation a atteint en juin son plus haut niveau depuis une dizaine d’années, à 1,9%, principalement à cause de l’alimentation et de l’énergie.

L’inflation de base évolue actuellement autour de 2% en rythme annuel. Elle devrait progresser encore au cours des prochains mois avant de se modérer graduellement, estime la BoJ.

De son côté, le gouvernement a admis que le Japon s’orientait vers une récession – s’il n’y était pas déjà entré – et que le cycle de croissance entamé en 2002, le plus long depuis la Seconde guerre mondiale, était terminé.

Version française Marc Angrand

Latribune.fr

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