TOKYO – Plus d’un mois après que le Japon a connu sa pire catastrophe depuis la Seconde guerre mondiale, les touristes étrangers ont quasiment disparu de l’archipel, dissuadés par les retombées radioactives.
Avril est pourtant le meilleur mois de la saison touristique à Tokyo, où la floraison des cerisiers donne le coup d’envoi du printemps.
Mais à Asakusa, l’un des plus vieux quartiers situé dans le nord-est de la capitale, les étrangers se font rares au temple Sensoji, l’une des principales attractions touristiques.
« Avant le séisme, Asakusa était très fréquenté par les touristes », confirme Yoshiaki Suzuki, tireur de pousse-pousse. « Mais depuis le 11 mars et l’accident à la centrale nucléaire de Fukushima, vous ne les voyez plus », dit-il à l’AFP.
En mars, les étrangers ont été deux fois moins nombreux à venir au Japon qu’au cours de la même période l’an dernier, selon les chiffres de l’Organisation du tourisme japonais.
Seulement 352.800 entrées ont été enregistrées, essentiellement dans les jours précédant le séisme, le tsunami et l’accident nucléaire, contre 709.684 en mars 2010. Ils étaient 679.500 en février et 714.099 en janvier.
De nombreux Etats ont conseillé à leurs ressortissants d’éviter pour l’instant les voyages dans l’archipel. Quelque 560.000 réservations d’hôtels ont été annulées, selon l’Organisation du tourisme.
« Les étrangers pensent que c’est dangereux de venir ici. Mais le Japon est sûr, Tokyo est sûr », affirme Uko Komatsuzaki, responsable des relations publiques au célèbre Hôtel Impérial.
Actuellement, 40% seulement des chambres sont occupées, alors que le taux d’occupation en cette saison est habituellement de 80 à 90%, précise-t-il.
Dans le parc Ueno, autre site touristique du nord-est de la capitale, les guides sont désespérés.
« La plupart des guides au Japon sont indépendants. Ce qui veut dire que si vous ne travaillez pas, vous ne gagnez rien. Ca va pour l’instant, mais si ça doit continuer encore un an, je vais devoir trouver autre chose », confie Tomoyuki Nagano.
Sa collègue, Hiroko Tsuno, est furieuse que l’image de l’ensemble du Japon ait été écornée par l’accident nucléaire qui se passe dans le nord-est.
« Vous savez, le Japon ce n’est pas seulement Fukushima. Les gens souvent ne font pas la différence entre Fukushima et Kyoto, même s’il y a 700 kilomètres de distance ».
Tous les autres secteurs de l’économie sont touchés.
Masato Akiyama travaille dans un cyber-café de manga dans le quartier branché de Harajuku, dans l’ouest de Tokyo.
« C’est la saison des congés de printemps et normalement nous devrions être très occupés, car la moitié de notre clientèle est étrangère », dit-il. « Notre chiffre d’affaires est en pleine dégringolade ».
Les quelques touristes qui ont décidé de braver la menace des répliques sismiques et d’éventuelles retombées radioactives sont accueillis comme des héros par les Japonais.
« Ils sont très heureux de nous voir. Il y a plus de gens qui nous parlent cette fois-ci que lorsque nous sommes venus il y a un an », témoigne Krystyna Andrzejewski, venue de Grande-Bretagne avec son père.
En 2010, le Japon avait accueilli un nombre record de 8,6 millions de visiteurs étrangers. Il espérait porter ce chiffre à 11 millions cette année, un objectif ambitieux devenu depuis irréalisable.
[(©AFP / 15 avril 2011 11h24) -Article original sur romandie.com->http://www.romandie.com/ats/news/110415092440.pi8xgqtu.asp]