La Corée du Nord a effectué de nouveaux tests de missiles à moyenne portée ce mercredi 22 juin, mettant le Japon et la Corée du Sud en état d’alerte. Le pays a de fait violé les sévères résolutions que l’ONU avait votées à son encontre plus tôt dans l’année.
Le Japon l’avait vu venir et s’y attendait : la Corée du Nord est passée à l’action en faisant deux nouveaux tests de tir ce mercredi 23 juin à 6h et 8h du matin, heure locale. Les missiles tirés seraient des missiles balistiques à moyenne portée (environ 3 500km) de type Musudan, théoriquement capables d’atteindre la Corée du Sud, le Japon, et même la base militaire américaine de l’île de Guam. Selon les autorités sud-coréennes, ils auraient été tirés depuis la ville de Wonsan située sur la côte est du pays.
Le premier tir, comme ceux qui avaient été précédemment effectués en avril et mai, s’est conclu par un échec et par la désintégration en vol du missile. Le second tir cependant s’est conclu, selon le ministre japonais de la Défense Gen Nakatani, sur le meilleur résultat obtenu par la Corée du Nord jusque là. Le missile a parcouru 400km (bien loin de la portée de 3 500km que peut avoir une arme de ce type) au-dessus de la mer du Japon et a atteint une altitude de 1 000km. Ces résultats impliquent que le pays a progressé dans son programme militaire, car la haute altitude pourrait signifier que le tir devait volontairement éviter l’espace aérien japonais, mais aussi que le missile est tout à fait capable d’aller bien plus loin avec un angle de lancement normal. « La menace qui plane sur le Japon s’intensifie », a déclaré Nakatani.
Rappelons que le but de la Corée du Nord est de posséder des missiles nucléaires capables de menacer le territoire américain. Pyongyang a d’ailleurs conduit son quatrième test nucléaire le 6 janvier dernier, et a aussi lancé le 7 février une fusée qui serait, selon certains, un essai déguisé de tir de missile à longue portée.
Les États-Unis et le Japon ont aussitôt condamné les deux tirs de mercredi, qui violent les résolutions de l’ONU interdisant à la Corée du Nord d’utiliser des missiles balistiques, et qui sont les plus fortes résolutions prisent en deux décennies par les Nations Unies. Le ministère de l’Unification, basé en Corée du Sud dont le but est de tenter de réunifier les deux Corées, a qualifié les tirs de « claire provocation », et le Premier ministre japonais Shinzô Abe a déclaré que cela était « tout à fait intolérable ».
Les premiers essais de missiles Musudan avait été effectués en avril alors que la première apparition de l’arme remonte à une parade militaire à Pyongyang en 2010. La Corée du Nord en posséderait une trentaine. Ces derniers tirs seraient une réponse à l’ordre de Kim Jong Un de mars dernier de renforcer les programmes militaires et nucléaires du pays. Cet ordre a fait suite aux exercices militaires conjoints entre les États-Unis et la Corée du Sud, que la dictature a considérés comme une répétition d’invasion.
Après la fin de ces exercices, Pyongyang a proposé à la Corée du Sud de renouer le dialogue pour apaiser la situation, alors même que le pays continuait le développement de ses nouveaux missiles. Mais son jumeau du sud a refusé, car il considère que la Corée du Nord doit d’abord faire le premier pas vers le désarmement nucléaire. Cependant, les autorités nord-coréennes ont déclaré que leurs rivaux devaient négocier avec eux en les considérant comme une puissance dotée de l’arme nucléaire, ce que Séoul comme Washington refusent.
La fin de la guerre de Corée de 1950-53 ayant été signée par un armistice et non un traité de paix, les deux parties sont techniquement encore en guerre à l’heure actuelle. Environ 28 500 soldats américains sont stationnés en Corée du Sud en cas d’attaque provenant du nord, et plus encore au Japon. Le Japon s’est d’ailleurs mis d’accord avec la Russie pour surveiller la situation de très près et pour coopérer dans le cadre du Conseil de sécurité des Nations Unies.