Ce jeudi 16 juillet, la loi de sécurité, une des mesures phares de Shinzô Abe a été adoptée par la Chambre basse de la Diète réunie en session plénière
Le projet de loi concernant la réinterprétation du 9e article de la Constitution, qui permettrait aux Forces Japonaises d’Autodéfense d’intervenir à l’extérieur du pays, est sans aucun doute l’un des plus controversés du mandat de Shinzô Abe. Son adoption par la Diète réunie en assemblée plénière ce jeudi 16 juillet, déchaîne les débats. En effet, le vote de cette loi a été effectué dans un cadre tumultueux, donnant lieu à des scènes rares dans la vie parlementaire japonaise. En pleine session, les députés opposés au projet ont tenté d’interrompre le vote de la loi, brandissant des pancartes sur lesquelles on pouvait lire “Opposés à l’adoption forcée”. Cette contestation parlementaire était soutenue par un grand mouvement populaire.
Depuis la fin de la guerre, les Japonais sont très attachés au caractère pacifique de leur nation, et la plupart sont inquiets de voir cet attribut s’effondrer au profit d’une politique militaire plus agressive visant principalement à contrer la sphère d’influence chinoise en Asie de l’Est. De fait, entre 30 000 et 100 000 personnes (chiffres des organisateurs) se sont réunies face à la Diète ce jeudi, pour montrer leur opposition au projet.
Un sondage de la NHK datant du 13 juillet annonçait également une baisse de popularité pour le gouvernement de Shinzô Abe. 43% des sondés disaient ne plus soutenir l’action du Premier ministre japonais, contre 41% de personnes encore convaincues.
Ce désaveu est dû notamment au projet de loi sur la sécurité qui maintient, malgré les interventions fréquentes de Shinzô Abe sur le sujet, une grande impopularité. Ce climat défavorable pour le Premier ministre ne l’empêche pas de rester confiant sur l’utilité de cette mesure.
Suite au vote, Shinzô Abe a d’ailleurs annoncé “les délibérations vont se poursuivre à la Diète. Je souhaite donner une explication claire et précise au peuple”. Cette déclaration a été applaudie par les diplomates américains, qui constituent depuis toujours un soutien indéfectible du projet. “Nous saluons les efforts du Japon pour renforcer notre alliance et jouer un rôle plus effectif à propos des questions de sécurité à une échelle régionale comme internationale” disait Katina Adams, du Bureau des affaires du Pacifique et de l’Asie de l’Est. Le texte de la loi n’a donc pas fini de susciter de nombreuses controverses puisqu’il doit ensuite être envoyé à la Chambre haute afin qu’elle puisse l’examiner à son tour.
Hugo Pelet – Source : The Japan Times