PEKIN (AFP) — L’or lui était promis, elle était la numéro un, la favorite incontestée: Lucie Decosse a pourtant dû se contenter de la médaille d’argent, battue en finale des moins de 63 kg du tournoi olympique de judo par la Japonaise Ayumi Tanimoto, mardi à Pékin.
Pour la délégation française, ce fut comme un coup de bâton sur la tête. Elle y croyait. Mais le rêve de la première médaille en or française 2008 s’est évanoui après 1 min 30 de combat. Decosse a semblé voler et c’est Tanimoto qui est revenue sur terre. Elle a conservé sa couronne gagnée en 2004.
La native de Chaumont, 27 ans depuis six jours, ne devenait pas la cinquième championne olympique française. Après Cathy Fleury, Cécile Nowak, Marie-Claire Restoux et Séverine Vandenhende. Et c’est avec des regrets qu’elle a regardé la Nippone pleurer sur le podium: « Je me suis dit qu’elle avait de la chance ».
Les qualifications s’étaient pourtant bien passées. Pas une faute de concentration. Des attaques bien construites. Et des victoires sans anicroche contre la Slovène Urska Zolnir, l’Israélienne Alice Schlesinger, l’Allemande Anna Von Harnier et la Nord Coréenne Won Ok Im.
La Japonaise avait, il est vrai, aussi été très convaincante. Technique. Ippon partout: la Vénézuélienne Ysis Lenis Barreto, la Sud-Coréenne Kong Jay Oung, la championne du monde cubaine 2007 Driulis Gonzalez, la seule à tenir plus de 3 min.
Pour cette finale, Tanimoto avait en plus la volonté de prendre une revanche. Celle de la finale des Mondiaux du Caire en 2005 que Decosse avait gagnée. Et c’est peut-être dans ce combat qu’elle est allée chercher son succès du jour.
Car si Decosse a fait une faute, c’est peut-être d’avoir mener la même attaque qu’en Egypte. Mais cette fois, Tanimoto a réussi à esquiver. Et surtout, Decosse ne s’étant pas assez protéger, elle a développé son uchi-mata (mouvement de jambe) à la perfection.
« Je me suis surprise moi-même. Mon corps a tourné naturellement », a commenté Tanimoto, « heureuse d’avoir pu dominer » des adversaires qui l’avait battue comme Decosse mais aussi Gonzalez… « Je n’avais rien préparé de spécial. J’ai utilisé uchi-mata au bon moment », a-t-elle ajouté.
« C’est le judo. Elle peut être fière de son parcours », a commenté la Directrice technique nationale Brigitte Deydier, alors que dans un premier temps, Decosse s’en voulait: « Je pense à tous les gens qui ont cru en moi. Je suis déçue. « Elle va prendre du recul et apprécier », a renchéri Deydier.
A égalité une victoire partout, les deux filles n’auront toutefois plus l’occasion de se départager. Decosse a confirmé qu’elle montait désormais au dessus. « Tanimoto m’a demandé: 70 kg ? Je lui ai dit oui. Je lui ai dit: et toi ? elle m’a dit: non non », a raconté la Française.
Pour le judo nippon qui avait perdu des couleurs, ce succès a le mérite de remettre l’équipe un peu d’aplomb. Mais après quatre jours de compétition, le bilan intermédiaire (2 or et 2 bronze) reste en deçà de celui d’Athènes (4 en or, 1 argent).
Les médailles de bronze sont revenues à la Néerlandaise Elisabeth Wolleboordse, championne d’Europe 2005, et à la Nord Coréenne Won Ok Im. Elles ont battu respectivement Gonzalez et l’Autrichienne Claudia Heill, vice-championne olympique 2004.
L’Allemand Ole Bischof a créé, lui, en moins de 81 kg, la surprise. Il s’est imposé devant l’un des favoris, le Sud-Coréen Kim Jae-bim et a succédé au Grec Ilias Iliadis. Bischof est monté sur le podium avec Kim, et sur la troisième marche, le vice-champion olympique ukrainien Roman Gontiuk et le champion du monde brésilien Tiago Camilo.