Prises d’empreintes digitales, changement de tenue (blouse, casquette et savates blanches), passage sous des douches à air pour éliminer toute poussière et enfin la voici: H-2B, la nouvelle fusée japonaise dont le premier exemplaire doit bientôt décoller.

L’Agence d’exploration spatiale japonaise (Jaxa) et le conglomérat industriel nippon Mitsubishi Heavy Industries (MHI) ont dévoilé cette semaine à quelques journalistes le corps de ce futur porte-drapeau japonais dans l’espace.

« Nous prévoyons d’effectuer un tir d’essai vers le milieu de cette année si toutes les étapes de fabrication et de tests intermédiaires se déroulent bien », indique le directeur de ce projet au sein de la Jaxa, Tomihisa Nakamura.

Plus imposante que son aînée H-2A (5,2 mètres de tour de taille contre 4), équipée de deux réacteurs et quatre propulseurs auxiliaires (« boosters »), la H-2B est d’abord destinée à envoyer dans les hautes sphères un « véhicule de transport » (HTV).

Cet engin, que développe aussi la Jaxa, doit rallier régulièrement la station spatiale internationale (ISS) pour apporter du ravitaillement et des matériels de recherche à son équipage, à raison de 6 tonnes par an.

La H-2B est aussi conçue pour donner à Mitsubishi Heavy Industries, prestataire de mise en orbite de satellites, une nouvelle arme pour concurrencer les services de lancement européen Ariane (Arianespace) et américain Sea Launch (Boeing).

Les énormes pièces du premier exemplaire du nouveau lanceur nippon de 530 tonnes sont actuellement posées à l’horizontale dans des hangars hermétiques (« salles blanches ») du vaste site aérospatial de MHI près de Nagoya (centre).

Le réservoir à hydrogène du premier étage, partie centrale de l’engin, mesure 19,4 mètres de long sur 5,2 m de diamètre. Il sera couplé à un autre réservoir, à oxygène, de 7 mètres, et le tout surmonté du deuxième étage puis de la tête dans laquelle seront logés les engins à transporter (HTV ou satellites). Assemblée, la H-2B de dressera sur 56 mètres, trois de plus que la H-2A.

Elle aura une capacité de 16,5 tonnes pour le largage dans l’espace à 300 kilomètres de la Terre du HTV et pourra emporter jusqu’à 8 tonnes de charge utile en orbite de transfert dans le cas de satellites.

« Ces aptitudes sont nécessaires pour faire bonne figure dans la compétition internationale », souligne M. Nakamura.

Développement et production du premier modèle compris, la Jaxa et MHI auront investi 40 milliards de yens (333 millions d’euros).

« Les coûts de conception sont faibles comparés à ceux de la H-2A, d’une Ariane ou autre nouveau lanceur, car nous réutilisons beaucoup d’éléments et connaissances issus de la H-2A, ce qui parallèlement minimise les risques », précise M. Nakamura.

« Nous employons cependant des procédés industriels inusités et plus efficients », assure le directeur du projet chez MHI, Tomohiko Goto.

Même si cette nouvelle fusée est d’abord destinée à lancer le HTV, l’enchaînement des succès espérés doit naturellement la conduire à faire valoir ses atouts auprès du secteur marchand japonais et étranger.

« Nous n’avons pas encore décidé à partir de combien de tirs réussis MHI exploitera commercialement ce lanceur pour placer en orbite des satellites privés, mais à l’avenir il ne fait pas de doute qu’elle sera employée pour des missions de cette nature », confirme M. Nakamura.

Pour l’heure MHI s’attache à renforcer le degré de confiance dans l’actuelle H-2A, jugeant que ce lanceur n’a pas encore le niveau de reconnaissance mondiale d’une Ariane.

A ce jour, la H-2A a aligné neuf tirs consécutifs réussis depuis 2005, mais elle avait subi un retentissant échec lors de sa 6e mission fin 2003, accident qui a retardé son plan de carrière internationale.

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