Le professeur Susumu Ohno, éminent spécialiste linguiste japonais, connu pour sa recherche phénoménale sur les liens entre les origines de la langue japonaise et le tamoul, est décédé lundi à Tokyo à l’âge de 89 ans, selon le ‘Japan Times’. Au cours des 30 dernières années, il avait mené des recherches sur les relations entre le tamoul et le japonais et a publié l’année dernière un livre qui confirme sa théorie. En 1999, un des ses livres en langue japonaise a été vendu à près de deux millions d’exemplaires.
Né le 23 août 1919, Susumu Ohno a commencé ses études linguistiques à la fin des années 1930 à l’Université de Tokyo, ses contributions universitaires remontent à l’époque de la deuxième guerre mondiale. Il est devenu ensuite professeur à l’université Gakushuin de Tokyo.
Les études d´Ohno incluent l’étude de la langue de la poésie ancienne du Japon, qui a été collectée au 8ème siècle, et une épopée romanesque du 11ème siècle. Ses publications monumentales traitent des origines, de la pratique et de l’utilisation de la langue japonaise.
À la fin des années 1970, il a publié ses premiers écrits sur les affinités entre le tamoul et le japonais. Il n’était pas le premier à réaliser une étude sur ce sujet mais il est devenu la figure centrale de cette théorie.
La recherche d´Ohno sur les relations entre le tamoul et le japonaise ne s´arrêtent pas à la linguistique : la comparaison des sons, des mots, de la grammaire et la de littérature, mais s´étend également à un plus grand domaine couvrant l’archéologie, le folklore etc.
Il est bien connu que le chinois et le japonais sont des langues fondamentalement différentes malgré leur proximité géographique. Tenant compte de cette différence, les linguistes supposent une origine maritime de la langue japonaise.
Le professeur Ohno, tout en acceptant une base polynésienne de la langue japonaise à l’époque préhistorique, a avancé la théorie d’une influence des langues dravidiennes, en particulier du tamoul, dans l´évolution du japonais, en même temps que l’introduction de l’agriculture au Japon dans la période Yayoi entre 500 et 300 avant J.-C.. Il a supposé des contacts maritimes à l´origine de tels développements.
Pour étayer ses théories, il a dirigé la recherche sur la comparaison des sépultures Yayoi du Japon avec les sépultures mégalithiques (1300 BCE – 300 CE) du sud de l’Inde et du Sri Lanka. Cette étude du début des années 1990 a révélé des similitudes étonnantes entre les deux cultures, dans les poteries, les coutumes funéraires et surtout dans les inscriptions.
Le professeur Susumu Ohno a maintenu pendant longtemps des liens avec les institutions et les universitaires tamouls. Il a encouragé de nombreux étudiants japonais à apprendre le tamoul.
Les chercheurs tamouls du Sri Lanka, le professeur A. Sanmugadas et Manonmani Sanmugadas ont travaillé pendant longtemps avec le professeur Ohno et ont travaillé à des publications conjointes. Le dr P. Ragupathy a mené avec le professeur Susumu Ohno l’étude des sépultures Yayoi.