En instituant le Japon comme sentinelle du monde d’aujourd’hui, le Festival d’automne sait que le miroir du pays du Soleil-Levant ne nous permettra sans doute pas de nous reconnaître, mais peut-être de nous redécouvrir, nous, Europe narcissique obligée à la quête de l’autre. L’art, ce média du multiple, a résolument opté pour le multimédia, et cette réunion des arts par la technologie réalise à sa manière cet « opéra » qu’appelaient de leurs voeux les Grecs, avant la Renaissance, l’Age baroque, les temps modernes et toutes les époques de haute intelligence. Nous en serions donc !
L’homme, comme toujours, est le coeur du propos. L’homme de chair au corps démultiplié, l’homme d’esprit au corps réifié, l’homme planète au corps divinisé. L’homme du 37e Festival d’automne (cinquante propositions de références artistiques et de créateurs émergents) poursuivant inlassable des missions fondatrices initiées par Michel Guy en 1972 – cosmopolitisme, rencontre des disciplines, innovation, avec la volonté de s’adresser au plus vaste public.
Ce public qui chaque année grandit et se grandit afin de se faire davantage homme, « gouffre au-dessus duquel on ne peut se pencher sans vertige ». C’est au fond de ce gouffre, dans le tourment de ce délicieux vertige que nous entraîne le Festival d’automne du 13 septembre au 22 décembre, des premières feuilles jaunies aux prémices des neiges.
Marie-Aude Roux
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