Le PIB au quatrième trimestre s’est contracté de 3.3%, soit un repli de 12.4% en rythme annuel. Le pays a notamment souffert de la remontée du yen face aux autres devises.
Le chiffre est inédit depuis le premier choc pétrolier en 1973 : le PIB japonais a chuté de 12,7% au quatrième trimestre 2008 en rythme annuel (-3,3% par rapport au trimestre précédent). C’est pire que ce qu’attendaient les économistes, qui tablaient sur une contraction de 11,6% en rythme annuel, et de 3% par rapport au trimestre précédent. L’économie nippone, massivement tournée vers l’exportation, a notamment subi le contrecoup de la crise du secteur automobile aux Etats-Unis. La violente remontée du yen face aux autres devises internationales a par ailleurs lourdement handicapé le pays, n’épargnant aucun secteur-clé de l’archipel.
Il faut remonter au premier trimestre de l’année 1974 pour voir une telle contraction de l’économie nippone. Durant cette période, le PIB japonais avait en effet reculé de 13.1%. Ce nouveau repli trimestriel de l’activité est le troisième consécutif pour le pays, qui est officiellement en récession depuis le troisième trimestre 2008.
Ce chiffre pire qu’attendu n’est en tout cas pas une bonne nouvelle pour le premier ministre japonais. Selon un sondage réalisé au cours du week-end pour la chaîne de télé privée NTV, le gouvernement de Taro Aso perd 7,7 points par rapport au mois dernier, tombant sous les 10% d’opinions favorables, à 9.7%. Le ministre de la Politique économique et budgétaire, Kaoru Yosano, ne se voulait pour autant pas rassurant, en déclarant que le Japon traversait actuellement « la pire crise depuis la fin de la guerre ».
L’impact des plans de relance sera négligeable
Face à cette crise, le Japon envisage de nouvelles mesures pour relancer l’économie, grâce à des dépenses publiques de 10000 milliards de yens (84,5 milliards d’euros), d’après la presse japonaise. Celles-ci ne devraient toutefois pas avoir un impact immédiat sur la croissance de l’archipel. Pour le premier trimestre 2009, les économistes de Barclay’s prévoient une baisse de 9,8% du PIB en rythme annualisé.
Pour Crédit Suisse, les plans de relance américain, chinois, et européens ne devraient par ailleurs pas se traduire par une forte demande en équipement de transport, ni en machinerie électrique, vaches à lait des exportations japonaises. « Il n’est pas certain que la stimulation budgétaire se traduira par une plus forte demande pour les biens de cette nature, et nous avons donc une forte probabilité que l’économie japonaise reste dans une situation de récession, même si les autres économies commencent à repartir » notait ainsi les économistes tokyoïtes de la banque dans une note. Pour beaucoup, ces chiffres renforcent en tout cas la probabilité de nouvelles mesures de la part de la Banque centrale japonaise, qui pourrait bien élargir son programme d’achat de papiers commerciaux.
Reste que, au delà du seul cas du Japon, c’est bien l’économie asiatique tout entière qui subit le contrecoup de la crise financière. Les investissements directs étrangers en Chine, hors secteur financier, ont ainsi chuté de 32,6% sur un an en janvier, à 7,54 milliards de dollars. Le nombre de groupes étrangers s’implantant dans le pays a également plongé de 48,7% en glissement annuel, sur le même mois.
[Sylvain D’Huissel (lefigaro.fr)->http://www.lefigaro.fr/economie/2009/02/16/04001-20090216ARTFIG00259-le-pib-japonais-a-chute-de-127-au-quatrieme-trimestre-.php]