TOKYO — Le Japon et l’Inde ont signé mercredi un accord de libre-échange qui va entraîner la suppression des taxes sur 94% des biens échangés entre les deux pays d’ici dix ans.
Ce traité vise à ouvrir de nouveaux marchés au Japon et à faciliter l’importation de médicaments génériques pour une population nippone vieillissante, tout en encourageant la croissance rapide de l’Inde émergente.
Le ministre japonais des Affaires étrangères, Seiji Maehara, et le ministre indien du Commerce, Anand Sharma, ont paraphé à Tokyo cet accord, dont le principe avait été acté en fin d’année dernière par les Premiers ministres de centre-gauche des deux pays.
Tokyo va en outre supprimer les droits d’entrée des aliments indiens, comme le curry, le poivre et le thé, à l’exception du riz qui restera lourdement taxé afin de protéger les producteurs nippons.
L’Inde va de son côté progressivement abolir ses barrières tarifaires sur les pièces détachées japonaises pour l’industrie automobile, ce qui permettra aux constructeurs nippons d’y expédier leurs pièces afin d’assembler des véhicules en Inde.
Ce système devrait profiter notamment à Suzuki, qui détient sur place la majorité des parts de Maruti Suzuki, une coentreprise vendant près d’une voiture sur deux en Inde.
L’Inde va en revanche maintenir ses barrières tarifaires sur l’importation des voitures déjà assemblées afin de protéger son industrie automobile.
Les produits électroniques, sidérurgiques et la machinerie nippons ne seront de leur côté plus taxés à terme lors de leur entrée en Inde.
Le Japon, qui compte 127 millions d’habitants, est la deuxième puissance économique d’Asie, derrière la Chine qui vient de le dépasser. L’Inde, troisième économie asiatique, en croissance rapide, est un pays de plus de 1,1 milliard d’habitants.
Le commerce entre les deux nations a atteint l’équivalent de quelque 8 milliards d’euros en 2009.
Le Japon a déjà noué des accords de libre-échange avec dix pays, dont le Mexique, ainsi qu’avec l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) comptant elle-même dix pays. Mais jamais l’archipel n’avait conclu jusque-là d’accord de ce type avec une économie de la taille du géant indien.
Peu ouvert aux produits étrangers pendant longtemps, le Japon s’est lancé dans la négociation de nombreux accords de libre commerce afin de ne pas se laisser distancer par la Corée du Sud, sa voisine qui le concurrence pour l’exportation d’automobiles et de produits électroniques.
Séoul vient de conclure deux importants traités de libre-échange, avec l’Union européenne (UE) et avec les Etats-Unis.
Le Premier ministre nippon, Naoto Kan, souhaite de son côté accélérer les discussions entre le Japon et l’UE et veut que son pays adhère au plus tôt au Partenariat transpacifique (TPP).
Cette zone de libre-échange comprend aujourd’hui Brunei, le Chili, la Nouvelle-Zélande et Singapour et pourrait rapidement s’élargir aux Etats-Unis, à l’Australie, à la Malaisie, au Pérou et au Vietnam.
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