Les rails qui serpentent à travers les rizières près de Saku, dans le nord du Japon, verront bientôt passer une nouvelle révolution verte : l’entrée en service d’un train hybride qui circule à la fois à l’électricité et au gazole.
Avec cette technique, le petit train de deux voitures équipé de quatre moteurs électriques relayés par un moteur diesel en cas de besoin devrait réduire ses émissions de carbone de 60%. « Cela fait partie de nos efforts pour être écolos », a expliqué Yasuaki Kikuchi, un porte-parole de la compagnie East Japan Railway lors d’un essai auquel l’Associated Press a assisté vendredi.
Le modèle « Kiha E200 », silencieux tant qu’il roule à l’électricité, n’a pas besoin de lignes électriques pour se déplacer : l’énergie qu’il utilise est stockée dans deux batteries rechargeables au lithium-ion placées sur le toit. Quand le train ralentit, le courant est coupé mais les moteurs continuent à tourner et le mouvement du train sert à recharger les batteries.
Le moteur diesel ne s’active qu’en appoint, pour grimper une côte ou quand les batteries sont vides. Pour gagner en efficacité, c’est un ordinateur qui pilote la gestion des sources d’énergie.
Le train de voyageurs, d’un aspect tout à fait classique, doit assurer ses premiers liaisons mardi, sur une ligne de 79km près de Saku, avec un maximum de 117 passagers, dont 46 assis.
Son entrée en service va permettre de faire le point sur la consommation de carburant, qui devrait varier selon le nombre de passagers à bord, et sur les problèmes liés à la maintenance, a expliqué l’ingénieur Mitsuyoshi Yokota, qui travaille pour la compagnie. On verra aussi si l’énergie sera suffisante pour chauffer les voitures en hiver.
Le Kiha E200 est le premier train hybride au monde à assurer un transport de voyageurs, ce type de mode de transport ayant pour l’instant suscité un faible intérêt. D’une part, parce que le mariage des différentes sources d’énergie est difficile à maîtriser et d’autre part parce que le train est un mode de transport économe en énergie qui contribue peu aux émissions globales de gaz à effet de serre. Aux Etats-Unis, le train n’est responsable que de 4% des émissions de dioxyde de carbone liées aux transports.
Mais le succès des voitures hybrides, en particulier de la Prius du Japonais Toyota, alimente l’intérêt pour ce genre de projets, explique Makoto Arisawa, professeur d’écologie et spécialiste des chemins de fer à l’université de Keio, à Tokyo.
À travers le monde, des entreprises du secteur commencent à se pencher sur cette technologie, comme l’Américain Amtrack ou l’Allemand Deutsche Bahn. Mais le coût reste important : le modèle japonais revient deux fois plus cher qu’un train classique, à près de 200 millions de yens (1,2 million d’euros), selon Yasuaki Kikuchi.
Le constructeur Railpower en Amérique du Nord a lui aussi développé une locomotive hybride pour servir dans les gares de triage. Mais Allen Schaeffer, directeur du Diesel technologie Forum, une association américaine regroupant des entreprises spécialisées, précise que les recherches du secteur portent plutôt sur l’amélioration des moteurs diesel.
Source : Canoe.com
Associated Press (AP) Yuri Kageyama