Si les baleines à bosses récupèrent, selon ce qu’a annoncé l’Union mondiale pour la conservation de la nature (UICN) hier, le Fonds international pour la protection des animaux (IFAW) a tenu à rappeler aujourd’hui que ces cétacés font tout de même face à des menaces croissantes. En effet, le Japon, l’Islande et la Norvège menacent toujours de recommencer à chasser la baleine.
Une révision du statut des baleines à bosses sur la Liste Rouge des Espèces menacées a été annoncée hier par l’UICN, dont le siège est à Gland, en Suisse. La baleine à bosses, dont le nombre avait énormément baissé, pour atteindre un niveau très bas en 1970 du fait de la chasse commerciale, a considérablement repris depuis 40 ans, grâce à la protection internationale. Son statut est donc passé de «vulnérable» à «préoccupation mineure» sur la Liste Rouge.
Si Patrick Ramage, directeur du Programme global sur les baleines d’IFAW, dit se réjouir de cette nouvelle, il s’inquiète cependant des trois pays prochasse à la baleine: le Japon, l’Islande et la Norvège.
«C’est une énorme victoire pour les baleines à bosses et tous ceux qui ont œuvré pendant plus de quarante ans pour les protéger. L’arrêt de la chasse commerciale des baleines a été l’une des victoires les plus importantes de la conservation au XXe siècle. Aujourd’hui, les grands cétacés de la planète sont confrontés à des menaces croissantes, notamment la reprise de la chasse à la baleine par le Japon, l’Islande et la Norvège. C’est au tour de notre génération de maintenir ces créatures magnifiques à l’écart pour toujours de la liste des cibles», a-t-il déclaré dans un communiqué.
La plupart des pays ont arrêté de chasser la baleine dans les années 1970, à la suite d’un moratoire international. Mais le Japon a repris la chasse en 2002, sous prétexte de prises «à des fins scientifiques». Depuis 2006, le gouvernement japonais a menacé de reprendre l’abattage des baleines à bosses dans l’Antarctique, défiant à la fois le moratoire international sur la chasse commerciale des baleines et le Sanctuaire baleinier de l’Océan Austral, un sanctuaire baleinier circumpolaire instauré par la Commission baleinière internationale en 1994.
Les baleines toujours en danger
Pour l’IFAW, les révisions de la Liste Rouge de l’UICN rappellent à la population les défis auxquels font face les cétacés, qui luttent encore pour récupérer après plus d’un siècle de chasse commerciale. Si la baleine à bosses récupère, d’autres cétacés restent en danger face au désir de certains pays de recommencer la chasse à la baleine.
Ainsi, deux sous-espèces, les baleines à bosses d’Océanie et celle du Golfe Persique sont encore classées comme espèce en danger. La baleine bleue de l’Antarctique, le plus gros animal ayant vécu sur terre, a montré quelques signes de récupération, mais elle est encore si rare qu’elle reste inscrite sur la liste comme étant «en danger critique d’extinction», la plus haute catégorie de menace.
Le rorqual commun et le rorqual boréal, qui furent la base de l’industrie baleinière internationale, restent toujours classés «en danger» et n’ont pas montré d’amélioration substantielle depuis que ces espèces ont été décimées par la chasse commerciale à la baleine. En dépit de leur statut d’espèce menacée, elles sont toujours chassées par le Japon. L’Islande a chassé le rorqual commun jusqu’en 2006 et ce pays a de nouveau tenté dernièrement de reprendre le commerce international de la viande de rorqual commun.
Malgré tout, l’IFAW estime que les efforts menés pour protéger les grands cétacés de la planète ont porté fruit. Les experts qualifient de «success story» la révision de la liste de l’UICN. «La conservation fonctionne. Lorsque nous agissons de manière responsable, les espèces menacées commencent à récupérer. La baleine à bosses et d’autres grandes espèces de cétacés ne reviendront peut-être jamais à leur population d’origine, mais la nouvelle est très encourageante pour tous ceux qui se préoccupent de l’avenir de ces êtres magnifiques», a conclu Patrick Ramage.
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