Le gouverneur de Tokyo, Shintaro Ishihara, estime que le Japon ne doit pas renoncer au nucléaire, malgré les réactions hystériques qui ne manqueront pas de se manifester après l’accident de Fukushima.

Tant qu’elle est gérée correctement, l’énergie nucléaire peut produire de l’électricité à très bas coût. Je ne pense pas que le Japon doive y renoncer, a-t-il déclaré lors d’un récent entretien accordé à l’AFP.

La position du gouverneur de Tokyo, connu pour son franc-parler et ses idées nationalistes, tranche avec les hésitations du gouvernement de centre-gauche du Premier ministre Naoto Kan, qui semble tenté par un abandon du nucléaire sans oser encore le dire franchement.

La France gère très bien ses centrales nucléaires, a relevé M. Ishihara, en rappelant que 85% de l’électricité française était d’origine nucléaire. Le Japon devrait s’en inspirer.

Depuis l’accident nucléaire de Fukushima (nord-est), provoqué par le séisme et le tsunami géant du 11 mars, 35 réacteurs sur les 54 installés au Japon n’ont pas été relancés. Le gouvernement vient d’imposer une série de tests de résistance dans toutes les centrales, ce qui va repousser encore de plusieurs mois l’éventuelle reprise de la production d’électricité.

Le Premier ministre Kan, dont la cote de popularité atteint des abîmes, est partisan du développement des énergies renouvelables afin de réduire la part du nucléaire, actuellement de 30% de l’électricité produite.

Je m’attends à des réactions hystériques contre le nucléaire au moment des élections prévues en 2013, a souligné le gouverneur, 78 ans, élu en 1999 à la tête de la préfecture de 13 millions d’habitants et reconduit en avril pour un quatrième mandat.

M. Ishihara, ancien membre du Parti Libéral-Démocrate (conservateur), mais aujourd’hui affilié à aucun parti, juge pour sa part que les énergies renouvelables ne sont pas encore suffisamment performantes pour répondre aux besoins de la troisième puissance économique mondiale.

La biomasse est beaucoup trop chère au Japon. L’énergie solaire ne peut pas soutenir l’industrie japonaise et l’énergie éolienne n’est pas très efficace, car la foudre est fréquente au Japon et crée des problèmes, a-t-il résumé. Je pense que le nucléaire est encore nécessaire.

Il a cependant évoqué la possibilité de construire une centrale thermique au gaz pour alimenter Tokyo.

Le gaz naturel est moins polluant que le pétrole, a-t-il expliqué. Tokyo possède des terrains gagnés (sur la mer), dans la baie. Elle pourrait avoir sa propre centrale.

M. Ishihara est en effet un défenseur de l’environnement. Il doit ses réélections successives notamment à sa politique en faveur d’un Tokyo plus vert, comme l’interdiction des véhicules diesel et les mesures de baisse des émissions de CO2, avec, pour la première fois en Asie, un marché du carbone.

A propos de la menace que représente la centrale accidentée de Fukushima, à seulement 220 km de Tokyo, le gouverneur a affirmé qu’il n’y avait pas de problèmes de radiations dans la capitale.

Même propos rassurants en ce qui concerne les produits alimentaires. Nous sommes très sensibilisés à ce problème, car si un seul produit contaminé par des niveaux élevés de radioactivité était découvert, Tokyo ou le Japon perdrait toute crédibilité, a-t-il souligné.

Provocateur incorrigible, M. Ishihara ne craint pas de choquer ses compatriotes en se déclarant favorable à la bombe atomique.

Je continue à penser que le Japon devrait posséder l’arme nucléaire, a-t-il dit. Car il n’y a aucun pays dans le monde qui soit dans une situation aussi dangereuse que celle du Japon, encerclé par trois pays, la Russie, la Chine et la Corée du Nord, qui ont des intentions hostiles.

©2011 – Romandie.com TOKYO – (©AFP / 11 juillet 2011 08h27) – Article original
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