Alors que la Banque Asiatique d’Investissements en Infrastructures (BAII) séduit de plus en plus de pays, le Japon et les États-Unis restent frileux à l’idée de rejoindre une organisation menée par la Chine.

La rue de la finance à Pékin (© CobbleCC)
La rue de la finance à Pékin (© CobbleCC)

La Corée du Sud a annoncé jeudi qu’elle participerait à la BAII. Après Hong-Kong, le Royaume-Uni, la France, l’Allemagne, l’Italie, la Suisse et l’Autriche au cours du mois de mars, l’Australie pourrait bien suivre le mouvement. Les États-Unis et le Japon restent suspicieux envers cette banque qui se veut concurrente du FMI, de la Banque Mondiale ou de la Banque Asiatique de Développement.

C’est en 2013 que l’idée de la BAII apparaît. Le gouvernement chinois, frustré de ces institutions monétaires accusées d’être gérées par les intérêts américains, européens et japonais, émet alors le désir d’en créer une qui lui permettrait de mener le développement dans la région. En effet, dans un rapport publié en 2010, la Banque Asiatique de Développement estimait les besoins en investissements en Asie à 1000 milliards de dollars d’ici 2020 : une opportunité que la Chine, première puissance économique de la région, ne pouvait se permettre de laisser à ses rivaux américains et japonais. En 2014, de nombreux pays asiatiques en sont devenus membres, mais depuis le début de l’année 2015, de plus en plus de pays occidentaux se disent aussi intéressés par l’initiative chinoise qui devrait se concrétiser avant la fin de l’année.

L’annonce que la Corée du Sud participerait à la BAII en tant que membre fondateur s’inscrit dans une logique de rapprochement économique avec la Chine : les deux pays ont signé récemment un accord de libre échange. Malgré les tractations de l’administration américaine auprès de ses alliés, les enjoignant de ne pas rejoindre l’organisme de développement, les USA paraissent de plus en plus isolés sur la question.

Le Japon continue d’adopter la même posture de prudence : le gouvernement a annoncé vouloir attendre fin juin pour avoir plus d’informations sur la gouvernance d’un tel organisme. Mais la décision de la Corée du Sud exacerbe la compétition économique dans la région et force le Japon à sérieusement réfléchir. En effet, selon les spécialistes, les entreprises japonaises pourraient commencer à presser le gouvernement, inquiétées par un éventuel désavantage dans la course aux projets d’investissement dans les pays en voie de développement si le Japon refuse de rejoindre la BAII.

Iban Carpentier

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1 COMMENTAIRE

  1. Le but affiché de la Chine est de remplacer le dollar dans les échanges internationaux, l’Europe avec l’euro c’est lamentablement planté dans cette voie, c’est normal l’euro ne pouvait pas fonctionner. Le dilemme est donc le suivant, doit-on s’associer avec une vraie dictature et lui confier l’hégémon en remplacement de celui américain ou y-a-t’il la place pour deux systèmes financiers qui rentreront obligatoirement en concurrence.

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