L’immigration est certainement l’une des questions les plus brûlantes pour les grands pays industrialisés. Pourtant, comme s’étonne « The Japan Times », elle ne figure pas parmi les points prioritaires du G8 qui a commencé à se réunir hier au Japon à Toyako. Ceci est d’autant plus surprenant que le Japon, justement, pourrait faire tomber l’un de ses principaux tabous en la matière. « The Japan Times » revient ainsi sur le projet de loi du Parti libéral-démocrate appelant le Japon à ouvrir ses frontières et à atteindre une proportion d’immigrants d’environ 10 % de sa population avant 2050. Cette proposition tranche avec la politique migratoire de l’Union européenne après l’adoption par le Parlement européen de la « directive retour ». Un texte très controversé qui est destiné à faciliter le renvoi des sans-papiers dans leur pays d’origine. Un contraste qui surprend car, comme le rappelle le quotidien anglophone du Japon, les deux régions souffrent cruellement d’une population vieillissante.
Aux yeux du journal, l’initiative japonaise ne fait que souligner l’état d’urgence de la situation démographique nippone. Jusqu’à très récemment, la culture japonaise est restée très fermée à l’idée d’immigration. Certes, le pays avait jadis accueilli de nombreux étrangers en provenance de ses colonies, notamment de Corée. Mais après la Seconde Guerre mondiale, il a rétabli un régime d’immigration exclusivement fondé sur l’hérédité. La forte croissance des années 1980 a attiré néanmoins un grand nombre de clandestins, causant ainsi une montée de xénophobie alimentée par la peur du crime. « L’option d’utiliser l’immigration pour résoudre les problèmes démographiques du Japon a longtemps été un tabou politique », souligne « The Japan Times », qui qualifie le nouveau projet de loi de « révolutionnaire ».
Il est vrai qu’aujourd’hui le Japon fait face à une grave pénurie de main-d’oeuvre peu qualifiée. Ce qui oblige une certaine adaptation des mentalités. Reste, comme l’écrit le journal, que le projet du Parti libéral-démocrate fera nécessairement l’objet de multiples modifications.
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