Le président du Comité olympique japonais Tsunekazu Takeda, qui a mené en 2013 la candidature japonaise pour les Jeux olympiques de 2020, a été convoqué le 16 mai par la Chambre des Représentants de la Diète afin de s’exprimer sur certaines dépenses réalisées dans ce cadre et sur lesquelles pèsent des soupçons de corruption.
Tsunekazu Takeda a déclaré à la Chambre des représentants que les détails du contrat signé entre le Comité olympique japonais et la compagnie « Black Tidings » (« sombres nouvelles ») sont confidentiels, et ne peuvent pas être divulgués sans l’accord de la firme.
La compagnie en question, basée à Singapour, est impliquée dans une enquête menée par le Parquet national financier français (PNF) suite à des soupçons de corruption dans l’attribution des Jeux Olympiques de 2020 annoncée en septembre 2013. Le compte bancaire de la firme aurait reçu, selon un rapport du journal britannique The Guardian, paru le 11 mai, deux versements intitulés « Tokyo 2020 Olympic Game Bid » d’un total d’environ 1,8 million d’euros.
Le propriétaire de « Black Tidings » serait un ami proche du fils du sénégalais Lamine Diack, ex-président de l’IAAF (Association internationale des fédérations d’athlétisme) et membre du CIO (Comité international olympique) de 1999 à 2013. En 2013 Diack se serait dit en faveur de la candidature turque, et aurait changé de camp juste après la signature d’un contrat entre l’IAAF et un sponsor japonais.
Takeda a reconnu la semaine précédente que les sommes avaient bel et bien été versées à la firme en question, mais qu’il s’agissait de frais de consultation. Selon lui, la compagnie aurait fourni divers services allant de la planification de la candidature japonaise à des conseils en lobbying international. Suite aux déclarations de Takeda, le superviseur des préparations pour les Jeux Olympiques de 2020 Toshiaki Endo a encouragé les parties incriminées à s’expliquer auprès du public sur cette affaire. Hier le CIO a exprimé sa détermination à lever le voile sur ces soupçons de pots-de-vin. « Le CIO va continuer à tout faire pour faire toute la lumière sur cette affaire », a déclaré l’organisation basée en Suisse.
Ce n’est pas la première affaire de corruption institutionnelle dans les hautes instances du sport international : en 2015 le FBI avait mené une enquête suite à des soupçons de corruption au sein de la FIFA, en 2014 des accusations de détournement d’une partie du budget des JO de Sotchi avaient fait scandale, et déjà en 2002 les États-Unis avaient été soupçonnés dans le cadre de la candidature de Salt Lake City.
En ce qui concerne le Japon, ce n’est pas non plus le premier scandale à entacher les JO de Tôkyô : le logo soupçonné d’être un plagiat de celui du théâtre de Liège et le budget astronomique du premier projet du stade principal avaient déjà bien secoué le pays.