Le Premier ministre japonais Yasuo Fukuda a exprimé vendredi ses « remords » pour les souffrances infligées par son pays aux autres nations d’Asie pendant la Seconde guerre mondiale, vendredi à l’occasion de l’anniversaire de la capitulation du Japon.
Mais M. Fukuda a refusé de se rendre au sanctuaire controversé de Yasukuni, contrairement à ses deux prédécesseurs, Junichiro Koizumi et Shinzo Abe, venus s’incliner vendredi matin dans ce temple où sont honorés les combattants morts pour le Japon, mais aussi 14 criminels de guerre condamnés après la défaite.
Le Premier ministre a déposé une corbeille de fleurs dans un cimetière laïque dédié aux victimes de la guerre et a ensuite participé à une cérémonie en présence de l’empereur Akihito, 63 ans, au Budokan, un bâtiment situé non loin du temple shintoïste.
« La nation a infligé des dommages importants et des souffrances à de nombreux pays, notamment aux peuples des pays asiatiques », a déclaré le Premier ministre. « J’exprime ici, au nom de la nation, de profonds remords et mes sincères condoléances à toutes les victimes », a-t-il ajouté.
Les visites régulières de M. Koizumi au sanctuaire Yasukuni, lorsqu’il était Premier ministre entre 2001 et 2006, avaient déclenché les foudres des Chinois et des Coréens.
M. Abe ne s’y était pas rendu pendant son court mandat (2006-2007), malgré ses convictions nationalistes, afin d’améliorer les relations avec la Chine et la Corée du Sud.
M. Fukuda a écarté toute visite dans ce sanctuaire pour poursuivre le réchauffement des rapports du Japon avec ses voisins.
Trois membres de son gouvernement s’y sont toutefois rendus vendredi: les ministres de l’Agriculture Seiichi Ota, de la Justice Okiharu Yasuoka et de la Sécurité alimentaire, Mme Seiko Noda.
« J’ai prié pour que les âmes de ceux qui ont offert leurs vies pour le pays reposent en paix », a déclaré M. Ota après sa visite.
Des anciens combattants et des militants nationalistes s’étaient aussi rassemblés en nombre dans le temple pour l’anniversaire de la capitulation, qui tombe chaque année pendant le festival d’Obon, dédié aux ancêtres.
« Il est incompréhensible que ni le Premier ministre Fukuda, ni l’empereur ne viennent rendre un hommage », a regretté un pèlerin venu honorer la mémoire de son frère et de ses deux cousins morts au combat.
Un autre visiteur, Mamoru Aoki, 37 ans, s’est au contraire interrogé sur la légitimité d’un sanctuaire « rendant hommage à l’armée ».
Il a expliqué être venu après avoir vu le documentaire « Yasukuni », réalisé par le cinéaste chinois Li Ying.
Ce documentaire consacré au sanctuaire controversé a été critiqué par les milieux conservateurs lors de sa sortie au Japon au printemps, et plusieurs cinémas ont retiré le film de l’affiche après avoir été menacés par des nationalistes.
Les tensions liées à la guerre ne sont pas complètement retombées en Asie orientale. Les Coréens reprochent aux Japonais d’avoir colonisé leur pays dans la première moitié du XXe siècle et les Chinois ne pardonnent pas à Tokyo son invasion d’une partie de la Chine dans les années 30 et 40.
Une mini-crise diplomatique a éclaté cet été entre Tokyo et Séoul à propos de la souveraineté sur un archipel situé entre les deux pays, occupé par les Coréens mais revendiqués aussi par les Japonais.
Le président sud-coréen Lee Myung-Bak a appelé vendredi Tokyo à « regarder en face son histoire (pour) éviter de répéter les erreurs du passé ».
AFP