Suite aux derniers événements tragiques qui se sont déroulés dans la préfecture d’Okinawa et qui mettaient en cause des soldats ou des travailleurs civils américains, les habitants de la région se sont réunis ce dimanche 19 juin pour manifester leur colère et leur tristesse.
Plusieurs événements ont récemment relancé la polémique liée à la présence de l’armée américaine sur le sol japonais : le meurtre présumé d’une jeune femme de 20 ans par un travailleur civil, l’accident de voiture causé par une jeune militaire américaine…
Un rassemblement massif s’est finalement tenu ce dimanche 19 juin au terrain d’athlétisme Ônoyama de Naha, capitale de la préfecture d’Okinawa. Les manifestants, estimés au nombre de 65 000 par les organisateurs et de toutes les tranches d’âges, ont exprimé leur colère à l’encontre des habitants de l’île principale ainsi que des gouvernements japonais et américains à propos du meurtre d’une femme de la région. Avant même le début de l’événement à 14H, l’atmosphère était lourde.
Une des co-représentantes de l’événement, Ai Tamaki, jeune femme de 21 ans, a commencé son discours en exprimant sa profonde compassion pour la jeune femme de 20 ans retrouvée morte. « À votre pensée, beaucoup de personnes de cette préfecture ont pleuré, ressenti colère et tristesse, ainsi qu’un sentiment de dépression qu’aucun mot ne saurait décrire », a-t-elle déclaré. La jeune femme, originaire de la même ville que la victime, a par la suite exprimé son angoisse à l’idée que cela aurait pu être elle ou une de ses amies. « Mais je ne veux pas rester muette », a rajouté Tamaki.
L’étudiante fait partie d’un groupe de jeunes appelé « SEALDs Ryûkyû » qui est engagé dans une campagne d’opposition à la nouvelle législation sur la sécurité nationale. « Ryûkyû » est le nom du groupement d’îles auquel appartient Okinawa. Tamaki a reproché aux habitants du Japon continental d’ignorer visiblement le sort des gens d’Okinawa, qui sont les premières victimes de la présence militaire américaine dans le pays nippon. Elle a aussi demandé au Président américain Barack Obama de « libérer le Japon ».
Les participants à la manifestation ont prié et pleuré pour la jeune victime. Un message du père de la jeune femme a ensuite été lu. « De nombreux incidents et accidents ont été causés par les soldats et les travailleurs civils de l’armée américaine. Dans une telle situation, ma fille est elle aussi devenue une victime. Afin d’empêcher d’autres victimes, je demande le retrait de toutes les bases américaines et m’oppose à la construction d’une nouvelle base militaire américaine dans le district de Henoko (à Nago). Je pense que cela sera possible si tous les habitants de la préfecture d’Okinawa s’unissent« . La foule a observé un moment de silence suite à ces mots.
À la fin du rassemblement, les participants ont adopté une résolution demandant le retrait des U.S. Marines d’Okinawa, la fermeture et le retrait de la base aérienne de Futenma sans aucune relocalisation dans la préfecture d’Okinawa, des excuses et une compensation à la famille endeuillée, ainsi que des révisions drastiques de l’accord du Statut des Forces entre le Japon et les États-Unis.
L’énorme manifestation a été organisée par un groupe composé de différents partis politiques dont le Parti social-démocrate et le Parti communiste japonais qui soutiennent tous le gouverneur d’Okinawa Takeshi Onaga. Les partis formant coalition au pouvoir, c’est à dire le Parti libéral-démocrate et le Komeito, qui sont des partis d’opposition à Okinawa, n’ont pas participé au rassemblement, prétextant que les préparations avaient été faites unilatéralement.
Tous les partis principaux avaient pris part à une manifestation de 1995 qui avait alors rassemblé 85 000 et avait été organisée suite à l’enlèvement et au viol d’une écolière d’Okinawa par trois militaires américains. L’événement du 19 juin a été la plus importante manifestation dans la préfecture en lien avec l’armée américaine depuis celle de 1995.
Si le rassemblement a attiré des personnes externes à Okinawa, certains habitants de la préfecture ont fait le choix de ne pas y participer, car cela crée trop d’oppositions aux bases américaines. En effet, certains sont encore favorables à la présence américaine, et ont bien conscience que « cela ne veut pas dire que tous les soldats sont de mauvaises personnes ».