Le président russe Dmitri Medvedev a franchi un nouveau seuil dans l’escalade verbale avec Tokyo au sujet des Kouriles, en annonçant que la Russie allait y renforcer sa présence militaire pour défendre sa souveraineté sur ces îles, dont certaines sont revendiquées par le Japon.
« Tous doivent comprendre que les îles de l’archipel des Kouriles sont un territoire de la Fédération de Russie, sur lequel s’étend sa souveraineté », a martelé mercredi Dmitri Medvedev, deux jours après un nouvel accès de fièvre sur la question, et à la veille de l’arrivée à Moscou du ministre japonais des Affaires étrangères, Seiji Maehara.
« Nous allons mettre en oeuvre les efforts nécessaires pour renforcer notre présence stratégique sur les îles de l’archipel des Kouriles », a ajouté le président russe au cours d’une réunion avec les ministres de la Défense et du Développement régional.
« Les armements qui sont là-bas doivent être suffisants et modernes pour garantir la sécurité des îles, en tant que partie inaliénable de la Fédération de Russie », a encore déclaré M. Medvedev.
« C’est une région stratégique pour nous », la Russie est prête à développer de bonnes relations avec ses voisins « s’ils comprennent ce principe qui est le nôtre », a encore dit le président russe.
Le ministre de la Défense, Anatoli Serdioukov, de retour d’une tournée d’inspection aux Kouriles, a promis une évaluation « avant la fin du mois » des moyens militaires nécessaires.
Une source militaire citée par les agences russes a affirmé que les deux premiers navires de guerre Mistral commandés à la France seraient affectés à la Flotte du Pacifique, chargée, entre autres, de la zone des Kouriles.
Un expert auprès du ministère russe de la Défense, Igor Korotchenko, a de son côté estimé qu’il faudrait notamment déployer aux Kouriles des systèmes de missiles de défense antiaérienne S-400, des radars modernes et des avions de combat de dernière génération Sukhoï-35.
Le chef adjoint de la commission de la Douma (chambre basse) à la Sécurité, Igor Barinov, a toutefois souligné que l’annonce de M. Medvedev avait avant tout un objectif politique.
« C’est avant tout une mesure à caractère politique, qui signifie à la partie japonaise qu’il n’y aura aucune révision des résultats de la seconde guerre mondiale, et que les esprits doivent se calmer à Tokyo », a-t-il dit à l’agence RIA Novosti.
Le Premier ministre japonais Naoto Kan avait fait monter la tension d’un cran lundi en qualifiant d' »outrage impardonnable » la visite effectuée en novembre par Dmitri Medvedev sur ces îles, la première d’un chef de l’Etat russe.
Il avait fait part de sa volonté « inébranlable » d’obtenir la restitution des quatre îles faisant partie de l’archipel des Kouriles annexées par l’Union soviétique à la fin de la seconde guerre mondiale, et toujours appelées Territoires du Nord au Japon.
Le Kremlin avait répondu vertement, en faisant savoir, par la voix de son conseiller diplomatique, Sergueï Prikhodko, que la Russie ne reviendrait « ni aujourd’hui ni demain » sur sa souveraineté sur les Kouriles.
Tokyo avait été ulcéré en novembre par la visite de M. Medvedev aux Kouriles, une chaîne d’îles battues par les vents qui s’étire du sud de la péninsule du Kamchatka jusqu’au nord-est du Japon. Tokyo avait rappelé pour consultations son ambassadeur à Moscou.
Le président russe a proposé en décembre dans un geste d’apaisement de créer une zone économique libre dans cette région.
Les îles d’Habomai, de Shikotan, d’Etorofu et de Kunashiri ont été annexées par les Soviétiques le 18 août 1945, trois jours après l’annonce de la capitulation du Japon. Elles sont peuplées d’environ 19.000 habitants pour une superficie totale de quelque 5.000 km2.
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