Pour éviter une motion de défiance, le Premier ministre japonais a promis de démissionner. Il vient de fixer les conditions de ce retrait dont la date reste inconnue
Le Japon use très vite ses Premiers ministres. Une année, en moyenne, suffit à les balayer. Et ce depuis Junichiro Koizumi, dont les cinq années de mandat doivent sembler une éternité aux yeux de ses successeurs, par ordre d’apparition: Shinzo Abe, Yasuo Fukuda, Taro Aso et Yukio Hatoyama… Ce dernier n’a même pas attendu le mois de septembre, mois traditionnel des passages de témoin, pour démissionner au profit de Naoto Kan, actuel Premier ministre depuis le mois de juin 2010.
C’était il y a un an donc: il est grand temps de démissionner… C’est le message que lui envoient des membres de l’opposition et de son gouvernement, en choeur, en tout cas! Naoto Kan n’a échappé à une motion de défiance, il y a un mois qu’en promettant de partir à une date encore indéterminée.
Le Premier ministre nippon avait déjà résisté à une lourde défaite électorale, en juillet 2010. Mais sa gestion de la catastrophe du 11 mars dernier a mis en évidence ses travers. La presse japonaise le qualifie de confus et inefficace, et juge que ses dernières décisions politiques n’avaient pour but que de lui permettre de garder son fauteuil. Une priorité bien mal perçue quand le pays, et notamment le nord-est de l’archipel, se relève à peine d’un séisme, d’un tsunami et de la catastrophe nucléaire de Fukushima qui a suivi.
Avant de démissionner, Naoto Kan pose néanmoins trois conditions, liées à ce dossier: le passage d’un deuxième budget supplémentaire pour la reconstruction, d’une loi promouvant les énergies renouvelables, et d’une autre portant sur une obligation d’Etat spéciale. Si ces trois éléments sont réunis, « je considèrerai que j’aurai atteint une étape dans la reconstruction » du pays, a déclaré le Premier ministre, lors d’une conférence de presse lundi.
La session parlementaire a été étendue à la fin du mois d’août, mais rien n’assure que ces trois éléments puissent être validés d’ici là. Le sursis de Naoto Kan pourrait donc durer au-delà du fatidique mois de septembre.
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