Une perquisition a été menée jeudi au cabinet parisien de l’avocat de Jacques Chirac, Me Jean Veil, et une autre mercredi au siège de la DGSE, par un juge basé en Polynésie enquêtant sur la disparition d’un journaliste de Tahiti qui travaillait sur un éventuel compte japonais de l’ex-président.
« Un juge et un procureur sont venus à mon cabinet jeudi après-midi pour saisir une lettre de la banque japonaise Tokyo Sowa dans laquelle celle-ci assure que M. Chirac ne détient pas de compte, mais j’ai refusé de la leur remettre, étant lié par le secret de l’instruction », a indiqué Me Veil.
« En présence du bâtonnier de Paris (Me Christian Charrière-Bournazel, ndlr), cette lettre a été mise sous scellés fermés et envoyée par courrier à Papeete où un juge des libertés et de la détention (JLD) doit se prononcer dans un délai de cinq jours pour dire si elle est utilisable », a-t-il ajouté.
Selon Me Veil, « aucune fouille n’a été pratiquée » dans son cabinet.
La veille, les deux magistrats ont perquisitionné à la DGSE (renseignements extérieurs). « Ils ont demandé un certain nombre de documents. Ces documents leur ont été présentés, ils ont été placés sous scellés et sont restés à la DGSE. Ils seront éventuellement déclassifiés ultérieurement », a précisé vendredi à l’AFP une source proche de la DGSE, confirmant une information du Monde.
Le journaliste Jean-Pascal Couraud enquêtait sur d’éventuels transferts de fonds entre une grosse entreprise de Polynésie française et un compte qu’aurait détenu M. Chirac, quand il a disparu dans des conditions mystérieuses le 15 décembre 1997.
Le juge du tribunal de grande instance de Papeete, Jean-François Redonnet, qui a mené ces perquisitions, enquête sur cette disparition.
Après la disparition du journaliste, le tribunal de Papeete avait d’abord conclu au suicide et prononcé un non-lieu en octobre 2002.
Mais l’enquête avait été rouverte en 2004 après le témoignage d’un ancien membre du Groupe d’intervention de la Polynésie (GIP, service d’ordre personnel de l’ancien président de la Polynésie française, Gaston Flosse), affirmant avoir assisté à l’assassinat de M. Couraud par des membres du GIP, avant de se rétracter.
En décembre 2004, la famille du journaliste a déposé plainte contre X avec constitution de partie civile pour assassinat et complicité.
En mai 2006, Jacques Chirac avait démenti « catégoriquement » avoir jamais possédé un compte au Japon, estimant que ces « allégations » étaient « à rattacher à une campagne de calomnies » lancée avant la présidentielle de 2002.
Une enquête du général Philippe Rondot, conseiller pour le renseignement et les opérations spéciales (Cros) et témoin clef de l’affaire Clearstream, avait conclu que des fonctionnaires de la DGSE, agissant hors du cadre hiérarchique, avaient « probablement » tenté en 2002 de « monter un dossier » contre M. Chirac « à quelques semaines de la présidentielle », avait affirmé son avocat, Me Eric Morain.
L’ancien président a fait procéder au Japon, en février dernier, à des vérifications afin d’établir qu’il n’avait jamais disposé de compte dans une banque nippone et ainsi mettre fin aux rumeurs.
Reporters sans frontières a jugé vendredi « encourageant » sur son site internet « que le juge tienne compte des témoignages indiquant que ce journaliste enquêtait sur des transferts de fonds suspects impliquant Gaston Flosse, un proche de Jacques Chirac ».
[Rtlinfos.be->http://www.rtlinfo.be/rtl/archive/article/137184?&archiveYear=2008]