TOKYO (AFP) — Le Produit intérieur brut du Japon s’est contracté de 0,3% au deuxième trimestre par rapport au précédent, en raison d’un recul des investissements des entreprises, une déconvenue qui s’ajoute aux incertitudes entourant la conjoncture économique américaine.
Ce fort repli écarte a priori l’éventualité d’une hausse prochaine des taux d’intérêt au Japon, estiment les analystes.
Le PIB nippon a cédé 1,2% en rythme annuel d’avril à juin par rapport aux trois mois antérieurs, enregistrant son premier déclin depuis le troisième trimestre 2006, selon les chiffres révisés du gouvernement publiés lundi.
Dans une estimation antérieure, le gouvernement prédisait une croissance de +0,1% sur un trimestre pour la période d’avril à juin, soit +0,5% en rythme annualisé.
Le renversement de tendance s’explique principalement par une baisse des investissements des entreprises, en particulier dans les secteurs de l’immobilier, de la construction et des transports. Le gouvernement tablait sur une augmentation.
En outre, les statistiques ont été affectées par une modification de l’échantillon des firmes utilisé par le gouvernement pour réviser les chiffres de la croissance.
Le gouvernement mise néanmoins toujours sur la poursuite de la reprise.
« Je pense que la tendance d’une reprise durable va continuer », a commenté le ministre des Finances, Fukushiro Nukaga, en fondant son optimisme sur une remontée progressive de la demande des ménages et une amélioration des bénéfices des entreprises.
« Nous ne croyons pas que l’économie japonaise soit au bord d’une nouvelle récession », a renchéri un économiste de Morgan Stanley, Takehiro Sato, dans une note.
Les dépenses des consommateurs, qui représentent 55% du PIB, ont progressé de 0,3% au deuxième trimestre par rapport au précédent. Ce chiffre est toutefois de 0,1 point inférieur à celui annoncé initialement.
Enfin, les exportations n’ont pas contribué à combler le recul des investissements des entreprises, alors qu’elles avaient poussé la croissance au premier trimestre.
Le PIB devrait toutefois rebondir au cours des mois de juillet à septembre, mais à un rythme modéré, la croissance japonaise risquant de subir les effets d’un ralentissement de l’économie américaine, a estimé un économiste de l’institut de recherche NLI, Taro Saito.
« Il semble difficile d’envisager un rebond tiré par les exportations au deuxième semestre », a-t-il expliqué.
Le repli du PIB nippon a entraîné une forte baisse de la Bourse de Tokyo lundi (-2,22% en clôture) et éloigné la perspective d’un relèvement des taux dans un proche avenir, selon les analystes.
« La contraction du PIB, conjuguée aux mauvaises statistiques de l’emploi aux Etats-Unis, signifie que la Banque du Japon (BoJ) n’a aucune chance d’augmenter son taux directeur ce mois-ci, ni le prochain », a prédit un économiste de BNP Paribas, Yoshimasa Maruyama.
La BoJ souhaite relever progressivement son principal taux, actuellement fixé au niveau très bas de 0,5%, pour le rapprocher de ceux en vigueur dans les grands pays industrialisés, mais elle reconnaît la nécessité de tenir compte de l’environnement économique mondial, notamment de la conjoncture américaine.
« La banque centrale peut encore attendre pour relever ses taux, compte tenu du fait qu’il n’existe absolument aucun risque d’inflation dans l’immédiat pour justifier un tel geste », a renchéri un économiste de l’institut Norinchukin, Takeshi Minami.
Le mauvais chiffre du PIB survient en pleine crise politique.
Le Premier ministre conservateur Shinzo Abe, très affaibli par des scandales à répétition, a toutefois de nouveau exclu de démissionner lundi, se disant déterminé à « poursuivre les réformes ».
Source : AFP