Un peu discrète au milieu des présentations de l’imposant Musée national de Séoul (Corée du Sud), l’exposition « Peintures de style occidental du Japon moderne » présente, en alternance jusqu’en novembre, quarante oeuvres jamais montrées depuis la fin de la guerre et qui sortent toutes des réserves du musée. Une exposition qui témoigne d’une meilleure visibilité de la culture nippone en Corée du Sud. Bannie par le gouvernement après la fin de la colonisation de la péninsule en 1945, elle est redécouverte depuis la démocratisation du pays dans les années 1980. En 1986, le Musée national avait ouvert une salle consacrée au Japon. L’arrivée à la présidence de Kim Dae-jung en 1998 accélère le processus. Les films et les livres japonais peuvent désormais être diffusés en Corée du Sud. En 2002 vient le tour des CD.
Une année qui est celle de la Coupe du monde de football, organisée par les deux pays, ainsi que celles de l’Année du Japon en Corée et de la Corée au Japon. Le projet de cette exposition prend alors forme. Les oeuvres qui sont montrées avaient été rassemblées entre 1933 et 1945 par Yeongchin, dernier prince de la dynastie Chosun, au profit de la famille royale Lee. « Au-delà du goût, il obéissait à des considérations politiques, explique Min Byung-hoon, directeur du département des arts d’Asie. Le prince avait épousé une Japonaise et suivait souvent les recommandations des experts de l’Archipel. » Lee Su-kyung, du département des collections, précise que « ces peintures étaient présentées en Corée et véhiculaient parfois le nationalisme nippon de l’époque ». Elles reflètent aussi les tendances du temps, marquées par la fascination pour l’art européen. Figurent ainsi des peintures de Tomio Okami, un habitué du Salon des Tuileries, à Paris, dans les années 1920. L’exposition a permis de retrouver des travaux que l’on croyait disparus, comme La Femme à la coiffure de style japonais, oeuvre majeure de Ryohei Koiso. « Beaucoup de Japonais viennent uniquement pour ce tableau », remarque Mme Lee. « Les Coréens viennent aussi, constate M. Min. Ils s’étonnent de découvrir que le musée possède de tels trésors. »
Philippe Mesmer
[Le Monde.fr->http://www.lemonde.fr/culture/article/2009/01/09/seoul-redecouvre-la-peinture-du-japon-moderne_1139874_3246.html]