TOKYO (AFP) — Le conservateur Taro Aso a été élu mercredi Premier ministre par le Parlement japonais, avec pour mission difficile de mener son parti à la victoire aux prochaines élections législatives, sur fond de récession économique.

Après trois tentatives infructueuses depuis 2001, M. Aso, très populaire auprès du public, a finalement réussi à l’âge de 68 ans à accéder à la charge suprême, à la suite de la démission surprise du Premier ministre Yasuo Fukuda, qui a atteint des sommets d’impopularité en seulement un an de pouvoir.

M. Aso a annoncé un gouvernement de 17 membres, dont deux femmes, avec 12 nouveaux ministres, en particulier aux postes-clés des Affaires étrangères et des Finances.

Lors de sa première conférence de presse, il a souligné que sa première priorité serait de faire voter une rallonge budgétaire pour stimuler la deuxième économie du monde, menacée de récession.

« Nous sommes manifestement entrés en récession depuis le début de l’année. Nous devons trouver le moyen de combattre cela. Nous voulons à tout prix que (le Parlement) discute d’un budget supplémentaire » pour doper les dépenses publiques, a-t-il dit.

M. Aso ne cache pas son opposition à la politique de réduction du déficit à tout prix prônée au cours des dernières années par les réformateurs libéraux du PLD.

Le Parti libéral démocrate (PLD, droite), qui gouverne le Japon sans partage depuis 1955, à l’exception d’une parenthèse de 10 mois dans les années 90, compte sur la popularité de M. Aso pour remporter les prochaines élections législatives et maintenir sa domination.

Selon les analystes politiques japonais, le nouveau Premier ministre devrait dissoudre la Chambre des députés dans les prochains jours et convoquer des élections anticipées pour fin octobre ou début novembre au plus tard.

Le PLD est en effet parvenu à la conclusion qu’avec la menace de récession, il n’y avait aucun avantage à attendre la fin de la législature fixée à septembre 2009 et qu’il était préférable de miser sur l’espoir suscité par l’arrivée au pouvoir d’une personnalité truculente comme M. Aso, après le règne terne et ennuyeux de M. Fukuda.

Mais la partie est loin d’être gagnée car les réformes néolibérales menées ces dernières années ont aggravé les inégalités sociales dans les villes et rogné le niveau de vie des ruraux, base électorale traditionnelle du PLD.

Le chef de l’opposition, Ichiro Ozawa, président du Parti démocrate du Japon (PDJ, centre), l’a bien compris et multiplie les promesses en matière de politique sociale, afin de réitérer la victoire remportée aux élections sénatoriales de l’été 2007.

M. Aso, riche héritier du groupe cimentier Aso Cement, a occupé plusieurs postes ministériels, dont celui prestigieux des Affaires étrangères entre 2005 et 2007, où il s’est taillé une réputation de nationaliste sans complexes.

Passionné de manga, il revendique son appartenance à la tribu des « otaku », ces jeunes Japonais fans de bandes dessinées et d’électronique, et vante régulièrement la « culture populaire » japonaise.

Petit-fils du Premier ministre Shigeru Yoshida (1946-1947 et 1948-1954) et gendre du Premier ministre Zenko Suzuki (1980-1982), ce catholique a d’abord goûté à l’aventure avant de se lancer dans la politique.

Après des études aux Etats-Unis et à Londres, il s’est expatrié au Sierra Leone pour travailler dans le négoce de diamants et a même défendu les couleurs du Japon aux Jeux Olympiques de Montréal de 1976 en ball-trap.

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