{{Le géant automobile japonais Toyota a estimé jeudi que la crise des accélérateurs défectueux, qui a entraîné des millions de rappels de voitures, allait lui coûter jusqu’à 1,4 milliard d’euros, mais a créé la surprise en relevant fortement ses prévisions financières annuelles.}}
Le premier constructeur mondial a indiqué qu’il prendrait « bientôt » des mesures concernant la voiture hybride Prius en raison d’un défaut dans le système de freinage, mais n’a pas mentionné un éventuel rappel.
Toyota a indiqué jeudi qu’il était revenu aux bénéfices lors du trimestre d’octobre à décembre, grâce à un robuste rebond de 12,7% de ses ventes mondiales et à des réductions de coûts plus efficaces qu’escompté.
Le groupe, qui prévoyait auparavant de terminer l’exercice 2009-2010, fin mars, sur une lourde perte nette de 200 milliards de yens (1,5 milliard d’euros), table désormais sur un bénéfice net annuel de 80 milliards (610 millions d’euros). Il a ramené sa prévision de perte d’exploitation annuelle à 20 milliards, au lieu des 350 milliards escomptés initialement.
« {Avant de réviser ces prévisions, nous avons pris en compte l’influence attendue des rappels liés à la pédale d’accélérateur} », a précisé le directeur exécutif de Toyota, Takahiko Ijichi.
Toyota a dû rappeler depuis l’automne plus de huit millions de véhicules dans le monde en raison d’une pédale d’accélérateur défectueuse et d’un tapis de sol amovible qui a tendance à s’accrocher aux pédales.
Ces problèmes ont valu à Toyota de se retrouver dans le collimateur du ministre américain des Transports, Ray LaHood.
« {Si vous possédez un véhicule (Toyota), cessez de le conduire, apportez-le chez un concessionnaire pour le faire réparer} », a-t-il affirmé mercredi devant le Congrès. Il a ensuite tempéré quelque peu ces propos qui ont déclenché une polémique aux Etats-Unis, où l’Etat possède 60% de General Motors, le premier constructeur américain concurrent de Toyota.
M. Ichiji a précisé que le coût direct des rappels massifs serait « {d’environ 100 milliards de yens} ». A quoi s’ajouteront 70 à 80 milliards de yens en raison de la baisse des ventes provoquée par ce problème, portant le coût total à 170 à 180 milliards (1,3 à 1,4 milliard d’euros).
La révision à la hausse des prévisions financières a étonné les analystes, dont la plupart avertissent que le coût de cette crise pour Toyota, notamment en termes d’image de marque sur le long terme, sera très élevé.
Tatsuya Mizuno, analyste chez Mizuno Credit Advisory, avait ainsi prédit que la perte d’exploitation annuelle de Toyota se creuserait à 500 milliards de yens. « Les rappels auront un impact à court terme, mais c’est surtout l’image de Toyota qui a souffert. Le groupe va avoir un problème de réputation sur le plus long terme ».
M. Ijichi a précisé que les nouvelles prévisions financières ne prenaient pas en compte les derniers problèmes en date, à savoir les plaintes reçues au Japon et aux Etats-Unis concernant les freins de la voiture hybride Prius.
Toyota a indiqué avoir reçu 77 plaintes au Japon, tandis que les autorités américaines ont fait état d’une centaine de réclamations similaires. Toutes concernent la dernière version de la Prius, lancée au Japon en mai.
Le responsable du contrôle de qualité, Hiroyuki Yokoyama, a reconnu l’existence d’un défaut dans le système de freinage hydraulique, qui peut, par temps froid, agir avec retard. « Le frein est lent mais si on continue à appuyer sur la pédale, la voiture s’arrête ».
Le groupe annoncera « bientôt » des « mesures explicatives » pour corriger ce problème, a-t-il affirmé, sans mentionner un éventuel rappel. M. Yokoyama a précisé que Toyota avait reçu les premières plaintes à l’automne 2009 et que le design du système de freinage avait été modifié à partir de janvier.
A la Bourse de Tokyo, l’action Toyota a terminé jeudi sur une nouvelle chute de 3,52% à 3.280 yens. Depuis le 21 janvier, la valeur boursière du groupe a fondu de près de 22%.
[Source : Kyoko Asegawa, AFP->