{{Les critiques se multiplient au Japon contre le constructeur automobile Toyota, première entreprise de l’archipel, accusé de porter atteinte au prestige international du pays à cause des défauts techniques qui ont entraîné le rappel de millions de voitures dans le monde.}}
La plupart des grands journaux nippons ont fustigé, dans leurs éditoriaux de samedi, la gestion chaotique de la crise par le groupe. Le PDG Akio Toyoda n’est sorti de son silence pour présenter ses excuses que vendredi soir, alors que les rappels massifs se multiplient depuis deux semaines.
M. Toyoda, qui est le petit-fils du fondateur de Toyota, s’est déclaré « {profondément désolé} » pour le dysfonctionnement de la pédale d’accélérateur qui a entraîné le rappel de plus de huit millions de voitures depuis l’automne et pour les nouveaux défauts dans les freins du modèle hybride Prius.
« {Les mots ne peuvent suffire à régler le problème. Toyota représente le Japon, et ses déboires peuvent conduire à dévaloriser l’image de marque du Japon dans son ensemble} », a jugé le quotidien Nikkei, bible des milieux d’affaires.
Pour le quotidien conservateur Yomiuri Shimbun, premier tirage du pays, « {il ne fait pas de doute que Toyota a été trop sûr de lui concernant les équipements de haute technologie de ses modèles, et qu’il a pris à la légère les plaintes des usagers} ».
« {L’absence de réaction appropriée au fiasco actuel pourrait porter atteinte à la confiance internationale envers les technologies industrielles du Japon} », a également estimé le Yomiuri.
Son concurrent de centre-gauche Asahi Shimbun a jugé que la réaction de Toyota avait été « {extrêmement lente} ». « {Le monde observera comment Toyota, humblement, tirera les leçons de cette série de problèmes pour fabriquer des voitures sûres} », a-t-il écrit. Vendredi, le ministre des Affaires étrangères, Katsuya Okada, avait lui aussi exprimé des craintes pour le prestige du Japon.
« {C’est un problème pour l’ensemble de l’industrie automobile japonaise, et pour la confiance envers les produits japonais} », a déclaré M. Okada, cité par l’agence Kyodo.
Toyota fait l’objet de plusieurs actions en justice en nom collectif aux Etats-Unis et au Canada, déposées par des automobilistes qui l’accusent d’avoir longuement passé sous silence l’existence du défaut à cause duquel l’accélérateur peut rester bloqué en position enfoncée. Selon des informations de presse, le groupe en avait connaissance depuis 2007.
Le constructeur a vigoureusement nié ces accusations.
« {Notre entreprise ne dissimule jamais ce genre de cas. Nous les signalons au ministère des Transports et nous enquêtons} », a déclaré vendredi le vice-président chargé de la qualité, Shinichi Sasaki.
Toyota a commencé vendredi à réparer les huit modèles affectés par le défaut de l’accélérateur aux Etats-Unis. Les ventes de ces modèles, interrompues depuis le 26 janvier, ont repris au Canada.
Toyota envisage par ailleurs de rappeler la dernière version de la Prius, en raison d’un retard de réaction du système de freinage hydraulique par temps froid. Détecté en décembre, ce défaut a été corrigé en usine en janvier, mais des milliers d’exemplaires sortis auparavant des chaînes de montage sont en circulation au Japon et aux Etats-Unis.
Selon les médias nippons, ce rappel pourrait concerner 270.000 voitures.
La Prius, présentée comme une voiture « { {respectueuse de l’environnement} } », est l’emblème de Toyota et au centre de sa stratégie mondiale. Plus de 200 plaintes concernant les freins ont été recensées et, selon le quotidien Tokyo Shimbun, cinq collisions ont été rapportées aux autorités nippones.
[Source : Shingo Ito (AFP)->