Un foyer de radioactivité très localisé a été détecté par des riverains à Setagaya dans la banlieue Ouest de Tokyo. Alors que la centrale nucléaire de Fukushima était déjà sur le banc des accusés, elle ne serait finalement pas responsable.
C’est mardi dernier que des habitants de la banlieue résidentielle de Setagaya avaient alerté la mairie. A l’aide de leurs dosimètres, ils avaient repéré un foyer de radioactivité –un de ces fameux « hot spots »– dans un caniveau du quartier de Tsurumaki. Les taux relevés sont extrêmement élevés : près de 2,7 microsieverts par heure, soit plus de 14 fois le seuil maximal d’exposition du grand public. Un niveau de rayonnement encore plus élevé que dans les zones évacuées autour de la centrale de Fukushima, à 235 km de là.
C’est d’ailleurs cette dernière qui a tout de suite fait figure de coupable. Une accusation d’autant plus évidente que du strontium 90, un isotope favorisant le cancer des os et la leucémie, a aussi été retrouvé par un habitant dans le sol de la ville de Yokohama, située à 285 km de la centrale endommagée.
Mais ce sont ces distances qui ont semé le doute parmi les experts. Ainsi que la très petite taille de la zone irradiée à Setagaya, large d’à peine quelques mètres carrés. L’une des hypothèses est l’accumulation et la formation d’une flaque d’eau de pluie très radioactive, mais elle ne convainc pas. « C’est un résultat très surprenant dans la mesure où les contrôles aériens effectués par le ministère n’ont pas révélé de lieu à Setagaya présentant une radioactivité aussi élevée », s’étonnait un chercheur sur la chaîne de télévision NHK. Les contrôles officiels sont-ils défaillants ? Insuffisants ? Et comment ce foyer de radioactivité a-t-il pu arriver jusque-là ? Enfin, la centrale de Fukushima a-t-elle un quelconque rapport avec cette affaire ?
Toutes ces questions ont, semble-t-il, trouvé un début de réponse. Ce jeudi, lors de recherches plus approfondies, les experts ont découvert plusieurs vieilles bouteilles dans la cave d’une maison inhabitée voisine. Leur niveau de radiations excédait la limite du compteur Geiger (situé à 30 microsieverts par heure). Ce serait donc elles les responsables de ce pic de radioactivité. Le maire Nobuto Hosaka a confirmé cette étonnante trouvaille et a demandé au ministère des Sciences d’effectuer des recherches sur le contenu de ces bouteilles tandis que la police enquête sur leur provenance.
Bien que la centrale nucléaire ait été blanchie, cette histoire permet de tirer un enseignement en cette période de crise nucléaire. Elle montre l’impossibilité pour le gouvernement de mener à si grande échelle des vérifications infaillibles et de détecter absolument toutes les sources de radioactivité, qu’elles émanent de la centrale ou d’ailleurs.. Certains foyers échapperont toujours aux contrôles, fussent-ils « aériens. » Dans les mois et les années à venir, le Japon ne pourra pas se passer de ces tests individuels qu’effectuent les citoyens engagés.