MIYAKO (Japon) – Frappés de plein fouet par le tsunami qui a emporté leurs bateaux et leur matériel, les pêcheurs japonais rescapés de la catastrophe doivent aujourd’hui repartir pratiquement de zéro.
Le 11 mars, quand la vague géante a ravagé le port de Miyako, des centaines d’entre eux ont trouvé la mort. Ils étaient spécialisés dans la pêche à la truite, au saumon, au maquereau, dans un archipel où les habitants consomment énormément de produits de la mer.
Seiichi Yamasaki pêche depuis un demi-siècle et le jour du drame il se trouvait en mer, à 50 kilomètres des côtes, sur un navire de 75 tonnes avec un équipage de neuf personnes.
« Nous avons bien ressenti le tremblement de terre. Le bateau a été secoué de haut en bas. C’était puissant », relate le marin pêcheur. En revanche, « nous n’avons pas senti le tsunami ».
Durant trois jours, ils n’ont pu revenir au port en raison des courants contraires provoqués par le raz-de-marée. Quand ils sont finalement rentrés, ils ont trouvé un chaos encore plus terrible que ce qu’ils avaient imaginé.
« Nous l’avions vu à la télé (embarquée à bord), nous avions une idée sur ce à quoi nous attendre. Mais quand nous l’avons vu, c’était bien pire », dit M. Yamasaki.
Miyako comptait un millier de bateaux de pêche au début de cette année. Il n’en reste plus qu’une vingtaine dans le port, plus environ dix gros chalutiers de haute mer.
« De nombreux pêcheurs ont perdu la vie mais nous ne sommes pas encore parvenus à confirmer le nombre », indique Hideaki Kazehare, un responsable de l’Union des pêcheurs de la ville.
Tout de suite après le séisme de magnitude 9 qui a déclenché le tsunami, certains navires ont réussi à prendre la mer, en passant par-dessus la vague qui s’approchait vite.
Les autres bateaux ont été emportés et se trouvent aujourd’hui encastrés dans des habitations, coincés sous des ponts, retournés sur des parkings.
L’industrie de la pêche est capitale pour Miyako, dont l’Union des pêcheurs comptait 1.200 membres.
Mais toutes les activités sont désormais au point mort, comme c’est le cas dans des dizaines de ports au nord-est du Japon. Des infrastructures cruciales ont aussi été anéanties.
« Les usines, les bureaux, tous les locaux ont été détruits par le tsunami. Il ne reste pratiquement plus rien, y compris les véhicules et les machines nécessaires », détaille M. Kazehare.
« Les grands chalutiers n’ont pas repris la mer car il n’y a plus de grues pour décharger leurs prises », poursuit-il. Et quand bien même les caisses seraient déchargées, le marché n’existe plus.
« La reconstruction du marché va prendre cinq à six mois », prévoit Kiichiro Tanaka, patron d’une société de produits surgelés. Il dispose encore de quoi payer un mois ses soixante employés, mais après, le financement manquera, explique-t-il.
« Nous ne pourrons pas continuer sans aide. Le travail est arrêté, nous ne pouvons pas garantir les salaires indéfiniment. »
Ailleurs dans la préfecture d’Iwate, on constate des situations de détresse similaires. Selon les dernières statistiques disponibles, les 10.000 pêcheurs de cette région ont produit en 2007 plus de 21.000 tonnes de poissons et fruits de mer, pour un montant de 44 milliards de yens (368 millions d’euros).
Le Premier ministre japonais Naoto Kan a assuré samedi que le gouvernement allait envisager des soutiens publics à l’industrie des produits de la mer.
Une fois que les marins pêcheurs auront repris la mer, ils auront à faire face à un autre souci: les rejets radioactifs de la centrale nucléaire de Fukushima.
[(©AFP / 03 avril 2011 11h48) – Article original sur romandie.com->http://www.romandie.com/ats/news/110403094849.p2tts6fu.asp]