Le gouvernement japonais a présenté un plan de soutien à l’économie d’un montant affiché de 11.700 milliards de yens (72,6 milliards d’euros) mais les dépenses réelles ne devraient représenter qu’un sixième de ce total, sans doute pas assez aux yeux des experts pour empêcher une récession.
La grande majorité des mesures prévues porte en effet sur des garanties de prêts destinées aux petites et moyennes entreprises et pour les analystes, ce type d’aides ne semble pas à même d’apaiser les inquiétudes des patrons et des consommateurs.
« La hausse mondiale des prix du pétrole et des produits alimentaires ont un impact important sur le peuple japonais », a déclaré le Premier ministre, Yasuo Fukuda. « Il est important que nous apportions notre soutien au peuple et aux petites et moyennes entreprises, afin de renforcer l’économie japonaise. »
De nombreux économistes estiment que l’économie japonaise est sur le point d’entrer en récession, si ce n’est pas déjà le cas. Les offres d’emploi recensées sont tombées à leur plus bas niveau depuis près quatre ans alors que l’inflation, à 2,4% sur un an, est au plus haut depuis dix ans. Et si la production industrielle a rebondi en juillet, la plupart des observateurs estiment que cette embellie n’est que passagère.
Pour les experts, l’impact du plan de relance présenté vendredi est difficile à mesurer, tant sur le plan politique qu’économique, mais les mesures annoncées risquent de se révéler insuffisantes pour restaurer l’image de Fukuda avant les élections législatives qui doivent se tenir au plus tard fin 2009.
« Les rumeurs de remplacement de Fukuda vont reprendre et la nécessité de trouver des dirigeants plus affirmés va devenir plus urgente », estime ainsi Jesper Koll, président du cabinet de conseil en investissement Tantallon Research Japan.
Sur l’insistance du plus petit parti de la coalition au pouvoir, le Nouveau Komeito, le plan de relance inclut la promesse de réductions d’impôts temporaire, sans plus de précision. Le Parti libéral-démocrate (LDP) de Fukuda s’y était longtemps opposé, doutant de son efficacité réelle.
CONTENIR LES DÉPENSES PUBLIQUES
Ce type de mesures est risqué pour le gouvernement, dont la tâche est compliquée par le fait que l’archipel affiche une dette publique représentant environ 150% du produit intérieur brut (PIB).
Fukuda s’est donc efforcé de contenir autant que possible l’augmentation des dépenses publiques.
Il a assuré vendredi que son gouvernement n’avait pas l’intention d’augmenter ses emprunts pour financer son plan.
« Nous maintenons notre position de fond et notre objectif de parvenir à la croissance et de renforcer l’économie par le biais des réformes », a-t-il dit.
Son ministre des Finances, Bunmei Ibuki, a expliqué devant la presse que le gouvernement pourrait être conduit à un deuxième collectif budgétaire pour l’exercice à fin mars 2009, en fonction du montant des allégements fiscaux mis en oeuvre.
Avec des dépenses nouvelles évaluées à 1.800 milliards de yens (11,3 milliards d’euros), soit 0,4% du PIB, le nouveau plan est moins important que certains de ceux lancés ces dernières années. En 2002, le gouvernement Koizumi avait lancé un plan de 14.800 milliards de yens, dont 1.500 milliards de travaux publics.
A titre de comparaison, le plan de relance entré en application au printemps aux Etats-Unis a représenté 150 milliards de dollars, soit plus de 100 milliards d’euros et environ 1,3% du PIB américain.
Pour les analystes, le gouvernement de Tokyo cherche surtout à donner un coup de fouet à l’économie, qui souffre de la dégradation de la demande et de la hausse des prix.
« On peut difficilement s’attendre à ce qu’il ait un véritable impact économique », estime ainsi Kyohei Morita, chef économiste de Barclays Capital Japan, pour qui ces mesures reflètent surtout les divisions de la coalition. « Cela va probablement nuire à la confiance des électeurs dans sa capacité à gouverner », conclut-il.
Version française Benoit Van Overstraeten et Marc Angrand
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