Pour la première fois au Japon, des Japonais-américains ayant été enfermés dans des camps d’internement durant la Seconde Guerre mondiale joueront dans une pièce de théâtre basée sur leur expérience. Les représentations commenceront le 1er août à Hiroshima.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, entre 110 000 et 120 000 japonais et américains d’origine japonaise ont été incarcérés dans des camps d’internement.
L’internement a été autorisé par le président américain Roosevelt en février 1942 à la suite de l’attaque de Pearl Harbor et dans un climat d’anti-japonais important. Mais le décret n’a pas été appliqué de la même façon à travers les États-Unis. Les Japonais-américains résidant sur la côte ouest ont tous été internés, alors qu’à Hawaii, où ils étaient au nombre de 150 000 et composaient près d’un tiers de la population de l’archipel, entre 1 200 et 1 800 d’entre-eux ont été enfermés. Sur l’ensemble des déportés, 62 % étaient des citoyens américains.
La pièce Briser le silence a été jouée pour la première fois en 1985 à Seattle par la deuxième génération d’Américains d’origine japonaise, dont une partie a été internée. Depuis, ils ont joué cette pièce plus de 200 fois à travers les États-Unis.
Briser le silence dépeint la vie des japonais venus aux États-Unis à la fin du 19e siècle, leur internement durant la guerre ainsi que la façon dont ils sont retournés à une vie normale.
La pièce a été écrite par un groupe de la seconde génération afin de soutenir le nouveau procès de leur camarade, Gordon Hirabayashi, qui a été emprisonné pour avoir défier l’internement. Le cas de Hirabayashi a été rejugé en 1987 et sa condamnation a été annulée.
Les six acteurs, des survivants à l’internement et leurs descendants, ont été invités par le Centre mondial d’amitié, une organisation à but non lucrative basée à Hiroshima, d’où sont partie près de 110 000 immigrés. L’un d’eux, Herb Tsuchiya, 80 ans, qui vient de Seattle, a été enfermé à l’âge de 10 ans avec toute sa famille. Il décrit un camp entouré par des clôtures et situé au milieu d’un désert avec des soldats armés jusqu’aux dents.
« Nous avons été privés de tout, malgré le fait d’avoir vécu en bon citoyen des États-Unis » a-t-il déclaré.
Tsuchiya souhaite faire connaître son histoire aux Japonais car il pense que cela pourrait aider à aller vers un monde sans guerre en montrant qu’une telle erreur ne devrait pas se répéter.
La pièce sera jouée au Lycée Jogakuin ainsi qu’à l’université affiliée puis à la Maison internationale d’Hiroshima. L’entrée sera gratuite et la pièce en anglais.