Un regard force tranquille, des objectifs énoncés comme des évidences: « Il y a une douzaine d’années, nous pesions 700 millions d’euros. En 2020, nous serons le numéro un mondial du vêtement décontracté et une marque globale. »
Nobuo Domae, président d’Uniqlo France, la quarantaine, un pur produit nippon en jean et pull, prépare l’ouverture du magasin amiral de l’enseigne à Paris, rue Scribe (9e). A deux pas des Galeries Lafayette et des trois majors de la fast fashion, Zara, H&M et Gap.
Un geste fort destiné à installer la marque, propriété du groupe japonais Fast Retailing dans les tranchées de la mode à prix doux. Le groupe est aussi présent dans le luxe accessible à travers des marques françaises comme Princesse Tam.Tam et Comptoir des Cotonniers ou Theory aux Etats-Unis.
En France, Uniqlo est, lui, encore confidentiel malgré une boutique aux Quatre Temps (la Défense) depuis décembre 2007 et un « buzz pré-ouverture » via deux magasins éphémères (dans le Marais et chez Colette).
Être la vitrine mondiale du Japon
L’ouverture le 1er octobre à Paris comptera un invité surprise et Tadashi Yanai, le fondateur de l’enseigne, devenu l’homme le plus riche de l’Archipel. 2.164 m2, 200 personnes, des pulls multicolores à 29,90 euros et des jeans à 39,90 eur attendront le chaland. Dans un décor « {à l’image du Japon moderne, sophistiqué, high-tech et propre} », ponctue Nobuo Domae.
Fondé en 1984, Uniqlo ne cache pas ses ambitions : servir de vitrine mondiale pour la culture pop très vidéo et mangas et la mode japonaise. Cerise sur le gâteau, la créatrice allemande Jil Sander, directrice artistique officieuse de la marque, dévoilera sa collection Capsule + J pour Uniqlo.
Pour se hisser en tête des enseignes de la mode décontractée – il figure au sixième rang mondial –, le japonais a entamé un tour du monde. En 2001, il a mis le cap sur l’Asie, la Chine et la Corée en tête.
Au printemps, il ouvrira le plus grand magasin de son réseau à Singapour. Moscou devrait suivre. Pas question de dupliquer le précédent anglais : vingt points de vente inaugurés en fanfare de Londres à Manchester et seize fermetures dans la foulée.
« Nous n’avions pas une image de marque suffisamment forte », reconnaît le dirigeant. L’ouverture d’un deuxième site parisien dépendra donc du succès du mégastore de la rue Scribe.
Jusqu’ici, Uniqlo a mieux profité de la crise que ses principaux concurrents. Sur les neuf premiers mois de son exercice clôturé en mai, les ventes ont bondi de plus de 17 %. Une performance qui doit beaucoup à son modèle économique.
La marque privilégie les basiques de mode pour femme, homme et enfant. « Nous proposons des pièces de vestiaire de bonne facture. Aux clients d’inventer leur look », explique Nobuo Domae. L’autre force de l’enseigne tient à son système de production. Tout est fabriqué en Chine.
Le groupe a forgé des partenariats avec des fournisseurs locaux. « Nous leur garantissons du travail et ils font un effort sur les prix. Pour le contrôle qualité nous dépêchons nos ingénieurs, les takumi masters. Ils ont la soixantaine. Avant la Chine, le Japon était l’atelier du monde« , rappelle le manager.
Pour Comptoir des Cotonniers et Princesse Tam.Tam rachetés en 2005, Fast Retailing veut mettre les bouchées doubles. « Chaque marque doit viser le milliard d’euros pour 2020, soit dix fois leurs ventes actuelles, décrète Nobuo Domae. Nous allons les aider à croître hors de leurs frontières}«
Source : le Journal du Dimanche