Style en émergence au Québec, le gothique lolita fait partie des modes nippones qui traversent aujourd’hui les frontières, alimentées par de multiples blogues et sites Web. Apparu au Japon à la fin des années 90, ce style vestimentaire fait encore aujourd’hui référence à l’excentricité de certains groupes rock japonais.
Elles seraient une quinzaine d’adeptes à Québec. Parmi elles (puisque ce sont exclusivement des filles), Myriam Parent et Katherine Boutin, deux jeunes femmes de 18 ans, affichent fièrement leur style nippon. Et adoptent l’attitude lolita de façon quasiment naturelle. Si bien qu’elles ont même choisi une identité japonaise lorsqu’elles sont sur Internet ou entre amies.
« C’est plus qu’une mode vestimentaire. Le gothique lolita est une façon de se différencier des autres et se veut aussi une réflexion sur la mode actuelle des jeunes filles qui se dénudent pour aller à l’école », lance Katherine, arguant que les lolitas ne dévoileront jamais leur nombril ou même leurs épaules.
Selon les différents sites spécialisés, la plupart des jeunes Japonaises qui endossent le style y voient une critique des valeurs traditionnelles de leur famille et de leur société. On peut également y trouver un refus de vieillir, pour ces jeunes femmes tiraillées entre le monde adulte et l’adolescence. En entrevue, les deux gothiques lolitas ricanent, répondent avec des petites voix, mais tiennent un discours qui n’a rien à voir avec le monde de l’enfance.
« Nous savons que notre style peut être dérangeant pour certains, mais nous vivons bien avec les commentaires ou avec les regards réprobateurs », dit Myriam, qui s’habille en lolita depuis cinq ans. Habituées de se faire demander si elles sont déguisées, elles affirment haut et fort porter leurs vêtements au quotidien.
Marques branchées
Les puristes suivent à la lettre les styles affichés dans les magazines, comme ceux vus dans le Gothic Lolita Bible, vendu à la boutique L’Imaginaire.
« Mais les marques proposées par les magazines sont assez dispendieuses. Une robe lolita peut coûter jusqu’à 300 $ sur les sites Internet », dit Myriam, ajoutant du même souffle qu’elle peut dépenser toute sa paye d’étudiante pour ses vêtements. Toutes les deux mettent d’ailleurs à profit leur cours de couture pour confectionner leurs propres vêtements.
D’autres fouillent dans les boutiques de mode gothique, comme la boutique Egregor dans le quartier Saint-Jean-Baptiste.
« J’ai une petite jupe de dentelle noire nommée Lolita justement pour cette clientèle ainsi que plusieurs accessoires qui se collent à ce style, comme des minigants, des poupées, etc. », dit la designer gothique Marie-Josée Chagnon. Sa griffe Marie-Osée est directement reliée à l’esprit gothique, mais n’a absolument rien à voir avec ce mouvement japonais, dit-elle.
« Le gothique peut être très large. Les gens croient à tort que c’est relié au médiéval, mais dans le fond, c’est une philosophie que chacun interprète à sa façon », conclut la designer.
Annie Lafrance
Le Soleil
Collaboration spéciale
Québec