L ‘élection présidentielle française a été suivie à travers le monde entier, et le Japon n’a pas été en reste. Pour étudier comment cette élection a été perçue au Japon, nous avons décidé de nous concentrer sur les trois médias quotidiens japonais principaux : la NHK service public d’information, le Mainichi Shimbun, et le Asahi Shimbun.
De manière générale, les trois médias sont restés très objectifs dans leurs analyses, se contentant en grande partie de reprendre les faits. Pourtant, certaines choses ont pu ressortir de notre lecture.
Tous ont réussi a dessiner un tableau crédible de cette élection, en reprenant tous les enjeux de celle-ci, mais sans toujours chercher plus loin que les apparences.
Le score du second tour a bien entendu été mentionné, mais quand les questions de l’abstentionnisme et du vote blanc ont été abordées, cela ne s’est jamais fait en première moitié d’article. Cependant, certains articles ne se sont pas privé de dire en introduction que Marine Le Pen avait été « écrasée » par Emmanuel Macron.
Tous ont également évoqué l’intérêt que M. Macron a d’obtenir la majorité à l’Assemblée Nationale lors des élections de juin.
La NHK est peut-être le média qui a fait les meilleures analyses de la situation. En revanche, elle a souvent mis en avant la jeunesse du nouveau président, quand les autres se sont contenté de le mentionner une fois dans un article. Interviews à l’appui, ils ont montré que les français pensent que sa jeunesse pouvait faire bouger la France.
Ils se sont cependant projeté sur la politique qu’il devra adopter s’il veut arriver à satisfaire tous les Français en disant que pour cela, il lui faudrait changer de politique en assouplissant son plan de renforcement de la compétitivité, pour se retourner vers le social. Cela leur a permit de souligner la difficulté et l’ampleur de la tâche qui attendait le président. Et de rajouter qu’il allait devoir démontrer ses capacités de leader avant de pouvoir renégocier avec l’Europe.
Les articles de la NHK ont également effacé la diversité politique de la présidentielle, pour ne garder face à lui que l’antagoniste du deuxième tour : Marine Le Pen.
Le Mainichi a gardé une vision très factuelle de l’arrivée du nouveau président au pouvoir, avec cependant une analyse peut-être quelque peu superficielle, lorsqu’ils affirment que M. Macron a rassemblé des électeurs mécontents des partis politiques de droite et de gauche sans expliquer pourquoi ceux-ci ont vu leur candidature décrédibilisée lors de ces élections. Ils expliquent également que les français ont fait barrage à la sortie européenne prônée par le FN, sans aborder la partie idéologique que le parti a historiquement défendue pendant de nombreuses années.
Ils se rattrapent cependant sur cette question en dédiant un article entier à la candidate Front National, où ils la rapprochent de la politique prônée par Donald Trump aux États-Unis. Ils ont également mis en lumière des liens entre le Front National et leurs pendants allemands ou hollandais. Le Mainichi y explique également que cette défaite du FN a peut-être permis de renforcer l’extrême droite dans les pays voisins de l’Europe.
Le Journal Asahi est sûrement celui qui a gardé l’attitude la plus neutre. Ils ont cependant appuyé un peu plus fortement sur la position « ni de gauche ni de droite » dont Emmanuel Macron se revendique. Ils s’en sont servi notamment pour montrer une image de lui fédératrice du peuple français, n’hésitant pas à citer l’ancien président François Hollande qui a appelé à voter pour M. Macron au nom des valeurs républicaines de la France… oubliant au passage de parler de l’abstention et du nombre de votes nuls, records cette année.