Les abenomics, mot valise désignant les grandes réformes économiques mises en place par le gouvernement Abe depuis début 2013, ont déçu. Le Premier ministre japonais a donc entrepris d’insuffler un nouvel élan à son projet.
Après des mois de débats intenses, le projet de loi si cher à Shinzô Abe sur les attributions des Forces d’Autodéfense a été adopté la semaine dernière. Certes, les vagues protestataires soulevées par ces lois ne vont pas s’essouffler pour autant, malgré tout il s’agit désormais pour le Premier ministre de se tourner vers de nouveaux objectifs. Récemment réelu à la tête du pays pour les trois prochaines années, Abe a décidé de donner une toute autre dimension à ses abenomics.
Lancées début 2013, les abenomics se basaient sur un plan en trois flèches, qui tirées successivement auraient dû sortir le Japon de la spirale déflationniste dans laquelle il est enfermé depuis la crise des années 1990. En 2013, ces réformes structurelles ambitieuses avaient non seulement suscité beaucoup d’enthousiasme auprès du peuple japonais, mais également intriguer les observateurs de la vie économique de l’archipel.
2 ans après, force est de constater que les abenomics ont en partie échoué. La chute des prix n’a pas cessé, aucun signe de reprise sur le long terme n’apparaît et la consommation a été lourdement affectée à la suite de la montée de la TVA le 1er avril 2014. Ces dernières semaines, la note du Japon a par ailleurs été abaissée par les trois principales agences de notation qui ont de moins en moins confiance en la politique du gouvernement Abe.
L’équipe du Premier ministre a donc présenté hier la « deuxième phase des abenomics » avec trois nouvelles flèches. La première phase était composée de trois étapes : établir une politique monétaire accommodante qui devait permettre le retour de l’inflation, créer un plan de relance budgétaire et redynamiser le secteur privé. Cette nouvelle phase prend un aspect résolument plus social.
En effet, la première nouvelle flèche consiste à améliorer les services d’assistance pour l’éducation des enfants, afin de donner un coup de fouet au faible taux de natalité. La deuxième flèche devrait modifier le système de sécurité sociale pour qu’il soit plus adapté à une population vieillissante, en facilitant notamment le travail du personnel médical d’assistance. La troisième flèche, sans doute prioritaire, s’aligne, quant à elle, sur un domaine économique puisque elle promet une augmentation sensible du PIB (+ 20% selon les objectifs annoncés).
Désireux de retrouver le soutien des Japonais, Shinzô Abe livre ici un de ses plus ambitieux projets politiques. Aucun calendrier n’a encore été présenté mais le Premier ministre devrait s’atteler à mettre en place cette deuxième phase rapidement.